mardi 4 octobre 2016

Quelques explications suite à l'annonce d'un départ...

Chers amis de l’Église de Béziers, 

Certains l'avaient déjà compris depuis quelque temps, d'autre l'ont appris dans ma dernière prédication. Effectivement, en famille, le 1er mai 2017 nous aurons quitté Béziers pour de nouveaux horizons. Je me suis engagé auprès du conseil presbytéral à accompagner notre église locale de Béziers jusqu'à Pâques 2017 - jusque là je suis pleinement à Béziers. Cette annonce entre les lignes d'une prédication appelle quelques explications que livre ici :

Fin avril 2017, je quitte le ministère pastoral en Eglise locale après 15 années de services au sein de l'Eglise protestante unie. C’est pour moi la volonté de vivre l’Eglise autrement. La démarche n’a pas été simple et ce n’est pas une décision prise sur un coup de tête : en 2015, je rencontrai la présidente du Conseil Régional en ce sens le 19 octobre puis le Secrétaire Général de notre église le 24 novembre ; fin juin 2016, le Conseil National de notre Eglise m’autorisait à quitter Béziers et m’accordait les dérogations nécessaires.

Ce départ est pour moi l’occasion de vivre un pari pour expérimenter l’Eglise autrement : je pars pour la maison d’accueil de la communauté de Caulmont. Cette maison, « les sapins », est située sur le plateau ardéchois, sur la commune de Devesset – à la limite de la Haute Loire. Une maison fermée depuis quelques années faute d’équipe porteuse de projet. Le cercle des responsables de cette communauté m’a appelé à en être le compagnon veilleur : un ministère œcuménique (la communauté regroupe des catholiques, des réformés, des luthériens, etc.), un ministère  fait d’accueil, d’accompagnement (c’est une maison d’hôtes de 5 chambres et d’une capacité de 15 personnes) et de prière (deux offices sont célébrés quotidiennement). Vous pouvez suivre notre démarche sur un autre blog ICI

C’est un pari dans le sens où je quitte la sécurité et le cadre de l’institution ecclésiale pour vivre un ministère détaché (dans cette aventure le Conseil National ne m’a pas encore donné son accord pour conserver le titre de pasteur – la décision doit être prise cet automne).  J’embarque dans cette nouvelle aventure ma famille – Axelle est partie prenante de cette décision et elle m’aide et m’encourage à me projeter dans cette nouvelle vie.  Nous partirons avec nos trois enfants Esther, Léonore et Rachel, ainsi qu’avec le bébé que nous attendons pour début mars.

Ce cheminement, j’en ai tenu au courant le conseil presbytéral progressivement : Evelyne Porteil la présidente (alors pressentie) était au courant avant l’Assemblée Générale et les élections du nouveau conseil, puis le bureau en a été informé en mars dès sa première séance, enfin le conseil  l’a été après le travail synodal sur la confession de foi en mai. Nous avons alors décidé de le faire savoir plus largement au moment de la rentrée. Nous y sommes ! L’information commençait à circuler, lors d'entretiens individuels ou par internet notamment – mais je n'avais pas tenu à faire d’annonce ex-cathedra. Après le dimanche de rentrée du 11 septembre dernier, il se trouve que le texte biblique de dimanche dernier, le 2 octobre, donnait l'occasion à une annonce plus officielle.
Il n'y a dans ma démarche aucun jugement sur la vie de l'Eglise - qu'elle soit locale, ici à Béziers, régionale, en Cévennes Languedoc Roussillon. Je suis heureux du ministère partagé ici et de ma mission de membre du Conseil Régional. J'espère trouver le même bonheur dans une vie d'Eglise autrement avec une autre couleur qu'une vie paroissiale. De cette démarche, je suis tout à fait prêt à m’expliquer dans des échanges personnels. 
Dire enfin que ce départ est préparé par le conseil presbytéral depuis l'été. La déclaration de vacance du poste pastoral a été faite dans les temps pour le 1er juillet 2017, le cahier des charges ou profil de poste a été envoyé au secrétaire général et au président du conseil régional dans le courant de l'été. Tout est fait pour le pourvoi du poste. En attendant, Celia a accepté de se former pour rejoindre l'équipe de prédicateurs composée d'Erika, Dominique et de Noël ; et de leur côté Nadine et Evelyne sont maintenant parfaitement à l'aise avec la liturgie.

Je veux croire que mon ministère avec vous laissera place à l'avenir sans aucune difficulté, et ce d'autant que cet avenir sera envisagé dans la fraternité, la confiance et l'espérance.
Benoît

dimanche 2 octobre 2016

Prédication du dimanche 2 octobre 2016 - Evangile selon Marc, chap. 6 v. 1 à 29

Jésus partit de là. Il vient dans sa patrie et ses disciples le suivent. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Frappés d’étonnement, de nombreux auditeurs disaient : « D’où cela lui vient-il ? Et quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, si bien que même des miracles se font par ses mains ? N’est-ce pas le charpentier, le fils de Marie et le frère de Jacques, de Josès, de Jude et de Simon ? et ses sœurs ne sont-elles pas ici, chez nous ? » Et il était pour eux une occasion de chute. Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie, parmi ses parents et dans sa maison. » Et il ne pouvait faire là aucun miracle ; pourtant il guérit quelques malades en leur imposant les mains. Et il s’étonnait de ce qu’ils ne croyaient pas. 
Il parcourait les villages des environs en enseignant. Il fait venir les Douze. Et il commença à les envoyer deux par deux, leur donnant autorité sur les esprits impurs. Il leur ordonna de ne rien prendre pour la route, sauf un bâton : pas de pain, pas de sac, pas de monnaie dans la ceinture, mais pour chaussures des sandales, « et ne mettez pas deux tuniques ». Il leur disait : « Si, quelque part, vous entrez dans une maison, demeurez-y jusqu’à ce que vous quittiez l’endroit. Si une localité ne vous accueille pas et si l’on ne vous écoute pas, en partant de là, secouez la poussière de vos pieds : ils auront là un témoignage. » Ils partirent et ils proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils chassaient beaucoup de démons, ils faisaient des onctions d’huile à beaucoup de malades et ils les guérissaient.
Le roi Hérode entendit parler de Jésus, car son nom était devenu célèbre. On disait : « Jean le Baptiste est ressuscité des morts ; voilà pourquoi le pouvoir de faire des miracles agit en lui. » D’autres disaient : « C’est Elie. » D’autres disaient : « C’est un prophète semblable à l’un de nos prophètes. » Entendant ces propos, Hérode disait : « Ce Jean que j’ai fait décapiter, c’est lui qui est ressuscité. »En effet, Hérode avait fait arrêter Jean et l’avait enchaîné en prison, à cause d’Hérodiade, la femme de son frère Philippe, qu’il avait épousée. Car Jean disait à Hérode : « Il ne t’est pas permis de garder la femme de ton frère. » Aussi, Hérodiade le haïssait et voulait le faire mourir, mais elle ne le pouvait pas, car Hérode craignait Jean, sachant que c’était un homme juste et saint, et il le protégeait. Quand il l’avait entendu, il restait fort perplexe ; cependant il l’écoutait volontiers. Mais un jour propice arriva lorsque Hérode, pour son anniversaire, donna un banquet à ses dignitaires, à ses officiers et aux notables de Galilée. La fille de cette Hérodiade vint exécuter une danse et elle plut à Hérode et à ses convives. Le roi dit à la jeune fille : « Demande-moi ce que tu veux et je te le donnerai. » Et il lui fit ce serment : « Tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, serait-ce la moitié de mon royaume. » Elle sortit et dit à sa mère : « Que vais-je demander ? » Celle-ci répondit : « La tête de Jean le Baptiste. » En toute hâte, elle rentra auprès du roi et lui demanda : « Je veux que tu me donnes tout de suite sur un plat la tête de Jean le Baptiste. » Le roi devint triste, mais, à cause de son serment et des convives, il ne voulut pas lui refuser. Aussitôt le roi envoya un garde avec l’ordre d’apporter la tête de Jean. Le garde alla le décapiter dans sa prison, il apporta la tête sur un plat, il la donna à la jeune fille, et la jeune fille la donna à sa mère. Quand ils l’eurent appris, les disciples de Jean vinrent prendre son cadavre et le déposèrent dans un tombeau.

Il est dans les évangiles des phrases qui ont fait mouche et qui sont devenus des proverbes ou des pensées universellement connues et reconnues. Ainsi en va-t-il du « nul n’est prophète en son pays ». La TOB que j’ai lu traduit par « un prophète n’est méprisé que dans sa patrie ».
Ce mot de Jésus devenu proverbial, intervient dans l’évangile comme une phrase clef pour comprendre l’œuvre de Jésus.

D’une part, cette parole justifie le rejet de Jésus. En effet, alors qu’il parle à la synagogue de Nazareth ; les gens le remettent à sa place. Alors qu’il prend la parole tel un maître de la loi, un enseignant, un maitre ; les voisins, ceux qui l’ont connu, les habitant de son village lui rappellent qu’il est charpentier, fils de charpentier, et qu’à ce titre il est prié de retourner à son atelier, mais pas de parler à la synagogue.

L’évangéliste Marc a voulu montrer la puissance de ce rejet, en plaçant ce texte juste après le chapitre 5 que nous avons entendu la semaine dernière. Dans le texte qui précède Jésus guérit une femme souffrant d’hémorragie sans aucune parole, par sa simple présence, par son aura. La femme est tellement convaincue de la puissance de Jésus qu’elle se dit « si j’arrive à toucher au moins ses vêtements, je serai sauvé ».

Cette femme voit en Jésus son sauveur, mais en plus, dans ce même chapitre 5, on voit aussi Jaïros venir chercher Jésus. Jaïros qui est l’un des chefs de la synagogue, membre imminent de la communauté, responsable du culte, il vient chercher Jésus car sa fille est malade.

Bref, au chapitre 5 de l’évangile une femme pense que toucher le vêtement de Jésus suffira à la guérir, et un responsable religieux vient le chercher pour guérir sa fille, et au chapitre 6, le temps de tourner la page, il est seulement écrit « Jésus parti de là. Il vient dans sa patrie ». Il suffit de ces quelques mots pour que Jésus passe de celui qu’on vient chercher, de celui auquel on croit au point que toucher son vêtement suffit à guérir pour devenir un charpentier, un simple charpentier, même si ce n’est pas rien d’être charpentier. En une page tournée il y a comme un changement de destin.

En un verset, Jésus n’est plus le maître il est celui que tout le monde connaît, en un voyage de guérisseur reconnu il redevient le fils de Marie et de Joseph, le frère de Jacques, de Joses, de Jude et de Simon. Un homme comme les autres qui n’a pas plus de raison que les autres pour enseigner à la synagogue.

Nul n’est prophète en son pays, cette parole justifie le rejet de Jésus. Et cette remise en place est d’autant plus frappante qu’elle succède à une certaine gloire de Jésus guérisseur. C’est donc le premier point que justifie cette parole. Nul n’est prophète en son pays.

La seconde chose que vient dire ce proverbe c’est ce qui est dit au v. 5 et v. 6 : « Jésus ne pouvait faire là aucun miracle ; pourtant il guérit quelques malades en leur imposant les mains. Il s’étonnait de ce qu’ils ne croyaient pas. » Jésus n’a pas fait de miracle et pourtant il a guérit des hommes et des femmes. Car le miracle ce n’est pas la guérison, pour l’évangile de Marc il n’y a miracle que quand la foi surgit.

Le miracle ce n’est pas le soulagement d’un mal physique ou psychologique, ça c’est de la basse médecine, le miracle la reconnaissance de Jésus comme Seigneur, reconnaissance qui entraîne, par voie de conséquence, la guérison. « Il n’y eut pas de miracles mais il guérit quelques malades », il n’y a pas là pour Marc de contradiction, il s’agit simplement de dire que la foi n’a pas surgit à la rencontre de Jésus, malgré les guérisons.

« Nul n’est prophète en son pays » ce dicton dans la bouche de Jésus signifie alors que Jésus ne peut susciter la foi parmi les siens – troisième sens - Et il en va là d’une véritable prise de conscience chez Jésus. Il reconnaît qu’il ne peut seul convertir le peuple d’Israël. Il ne peut seul proclamer la bonne nouvelle.

C’est cette prise de conscience sans doute qui fait que juste après, au v. 7 commence le premier envoi des disciples en mission. Les disciples sont envoyés deux par deux – et nous dit Marc « ils partirent et ils proclamèrent qu’il fallait se convertir ». Oui, de manière très significative, juste après ce constat d’après lequel Jésus n’a su susciter la foi à Nazareth, Jésus va envoyer ses disciples annoncer l’évangile, les douze vont alors pouvoir prendre le relais du maître.

« Nul n’est prophète en son pays » troisième sens possible après qu’il soit question de rejet de Jésus ou d’une prise de conscience cette phrase est aussi une solution face au problème.

Jésus ne peut porter la parole à Nazareth, alors ils  seront treize au lieu d’un, Jésus s’adjoint les douze pour annoncer l’évangile, pour chasser les démons, pour appeler à la conversion, pour inviter à la foi. La solution c’est d’entendre que Jésus ne peut faire avancer le royaume du Père tout seul, et qu’il y a des lieux où d’autres que lui doivent prendre le relais à travers la mission. Les disciples ont a être les relais du maitre.

uatrième sens possible, pour que les choses soient tout à fait clair – nul n’est prophète en son pays  - la fin du passage que j’ai lu rapporte la mort de Jean le baptiste, décapité par la folie d’Hérode. Les  mots sont crus « les disciples de Jean vinrent prendre son cadavre et le déposèrent dans un tombeau ». La réalité et la violence de la mort est clairement dite. « Nul n’est prophète en son pays » Derrière le dicton se glisse aussi déjà pour Jésus l’annonce de la condamnation à mort. La parole annoncée ne peut être entendue et laisser le porteur de parole indemne. La parole est une question de vie et de mort, de vie et de mort pour ceux qui l’entendent comme pour ceux qui la porte. Jésus en paiera le prix.

Voilà quatre échos rapides que je distingue dans l’évangile à ce dicton, à cette parole clef de l’évangile. « Nul n’est prophète en son pays ».  Aussi comment l’entendre aujourd’hui ? Comment faire résonner ces différents sens, ces différents échos.

Une première manière d’entendre cette parole revient à ce souvenir que dans les églises issues de la réforme cette parole a justifié, très pratiquement, les mouvements pastoraux, ce dicton fait partie du discours qui a justifié le fait que les pasteurs étaient appelés à quitter régulièrement leur église, pour aller ailleurs.

Alors que bien souvent à l’époque de la réforme, l’église catholique privilégiait, et ce n’est plus forcément vrai maintenant, la nomination d’un curé dans sa paroisse d’origine en raison de son intégration. Un curé d’un village était nommé dans son village à cause du lien social qu’il pouvait avoir. Au contraire les églises de la réforme ont toujours affirmé la nécessité du mouvement. Le pasteur devait venir d’ailleurs.

Un pasteur venait d’ailleurs et ne devait pas s’installer. Il ne pouvait pas rester au même endroit toute sa vie durant, et surtout pas rester dans le pays d’où il venait. Et ce n’est pas une invention récente, dès le 16ème siècle.

On pense souvent que c’est une pratique moderne, mais non. Bien souvent au 16ème, 17ème, 18ème les pasteurs traversaient la France, mais aussi la Suisse et la Hollande, s’arrêtant cinq ou six ans là. Il y avait tout un mouvement du corps pastoral malgré toutes les difficultés liées au transport et au déménagement.

En fait, il n’y a sans doute eu qu’à la fin du 19ème siècle que les pasteurs se sont établis plus longuement dans leurs églises locales, pouvant y rester quelques 40 ou 50 ans. Pratique qui n’a duré qu’un siècle. Et quand les synodes nationaux dans les années 70 et 80 ont rappelé la nécessité du mouvement, elles revenaient au modèle premier de la réforme.

Aujourd’hui la moyenne nationale d’un pasteur restant sur son poste est de 4 ans – le turn over est important. Aussi c’est peut-être le moment de glisser dans une prédication ce que certains savent déjà ou que d’autres ont compris à demi-mots. Je participerai à ce mouvement prochainement, avec Axelle et les enfants nous partirons fin avril prochain, après Pâques, pour une autre mission, un autre ministère.

Voilà, l’annonce est faite ! Revenons à l’évangile. « Nul n’est prophète en son pays » Pour résumer la chose, à grand traits ou comme une caricature, parce qu’un jour de l’an 30 ou 31, Jésus s’est fait chassé de la synagogue de Nazareth, les pasteurs sont obligés de quitter régulièrement leur paroisse.
Ce raccourci est un peu rapide mais il dit quelque chose de vrai. Le ou la prophète, Jésus, le ou la pasteur, ce sont des personnes qui sont porteurs d’une parole, et d’une parole qui vient d’ailleurs, et cette parole ne s’installe pas, elle déplace.

Jésus était porteur d’une parole venant de Dieu, et ceux de chez lui ne l’ont pas reçu, ils n’ont pas cru, ils n’ont pas entendu une parole de Dieu mais une parole du fils du charpentier.
Et de la même manière le prophète et le pasteur sont en charges d’une parole qui vient d’ailleurs, d’une parole qui vient de l’extérieur. J’évoquais la semaine dernière « l’extra nos » classique en théologie protestante. La parole vient de l’extérieur de nos vies, elle nous vient d’ailleurs, et c’est ainsi qu’elle nous oblige à bouger, à parcourir une distance, à se déplacer pour pouvoir parler, à entrer en mission. Un ailleurs qui oblige celles et ceux qui l’écoute à se faire accueillant pour pouvoir entendre. L’accueil est l’attitude fondamentale du disciple – d’ailleurs quand les disciples partent en mission ils ne doivent rien emporter pour être obligés d’être accueillis, et là où ils ne seront pas accueillis ils devront passer leur route, passer leur chemin.

Nul n’est prophète en son pays, car il faut qu’il y ait référence à cet ailleurs, cet au-delà dans la parole prophétique. Pour dire une parole qui vient de Dieu, il faut que la parole vienne d’ailleurs, et entendre la parole c’est toujours la recevoir, l’accueillir, lui laisser place. .

Oui, recevoir la parole c’est faire acte d’hospitalité, acte d’accueil.
Il nous faut recevoir la parole qui nous vient d’ailleurs pour pouvoir la dire et la porter plus loin. C’est le sens de ce texte que nous avons entendu ce matin. Jésus est mis en échec, Jean le baptiste est décapité. « Nul n’est prophète en son pays ». Jésus est mis en échec car il ne peut être accueilli là où il est déjà chez lui. Il ne peut être reçu là où il a sa propre famille et là où se trouve sa propre maison. Et cela tient autant de lui que de ses voisins, de ses proches, de sa famille. Il n’y a pas de distance à parcourir ni pour lui, ni pour eux.

Car c’est bien cela l’enjeu, la distance. Une parole n’est prophétique que si d’une part elle met en marche, si elle suscite le mouvement, si elle oblige à se déplacer, à franchir une distance, et une parole n’est prophétique que si d’autre part elle est accueillie, reçue comme venant du dehors, que si elle oblige à sortir pour être reçue.

« Nul n’est prophète en son pays ». Une parole clef de l’évangile. Qu’avec ce dicton, chacun d’entre nous puisse entendre une parole venue d’ailleurs, une parole d’accueil de sa vie, une parole prophétique de bénédiction qui dit du bien sur sa vie.

Que chacun d’entre nous entende une parole qui dans un double mouvement le fait sortir de chez lui, pour être accueillie et reçu avec le Christ. Car c’est ça le miracle de la bonne nouvelle. C’est cette rencontre avec le Vivant pour l’éternité qui suscite, et ressuscite à chaque rencontre, en nous une vie nouvelle.

Le Christ vient vers nous pour que par la foi nous le recevions chez nous. Il vient vers nous, il nous l’a dit par les plus petits d’entre nos frères. La foi est une distance à parcourue, mais parcourue par Dieu pour venir nous rejoindre humblement et simplement. Quand nous réalisons cela nous sortons de nos habitudes mortifères, de nos peurs, pour être vivant, en vérité.

Au Christ soit la gloire. Amen.

De la peur à la foi... Billet pour Le Cep du mois de Novembre

"Sécurité des cultes et de nos activités", "Etat d'urgence", "problème de sécurité"... 
Voilà que la psychose agite l'Eglise en écho à la circulaire nationale reçue sur ce sujet courant septembre. A tout dire : Que j'aimerai que la prochaine déclaration de foi de notre Église protestante unie nous agite tout autant !

Forcément, la déclaration de foi n'a pas les relais des « mass média », alors que la peur elle, elle est bien contagieuse, et quand elle est là, qu'est-ce que c'est bon ! Oui c'est bon d'avoir peur... on peut alors se sentir victime par anticipation : Victime d'un « sait-on jamais » ou d'un « on est sûr de rien ». C'est d'autant meilleur qu'il ne nous est rien arrivé en vrai – puisque nous sommes vivants ! 

Alors oui, cette circulaire qui essaye de se donner bonne conscience avec le principe de précaution avec "un référent sécurité", flatte la peur dans le sens du poil. Jolie proposition : mettre dans le fond du temple un "surveillant", "vigilant",  avec le numéro de la police municipale dans son portable ça entretien la psychose quand bien même ça ne sert à rien. Vous pensez vraiment pouvoir passer un coup de fil en cas d'attaque terroriste ? Cette question, ce n'est pas de l'inconscience ou de l'irresponsabilité, juste de la lucidité : face à la détermination de fadas aux projets fous nous ne pouvons rien prévoir, nous ne pouvons rien faire face à la folie. Que ceux qui nous gouvernent et sont responsables du droit et de la paix soient mobilisés pour prévenir ce genre d'actes oui, mais le moment venu, si acte il y a, il sera toujours trop tard. Accepter cette fatalité et cette absurdité de la menace nous amène à réaliser avec force que oui, nous sommes mortels, et ce chaque jours tant que nous ne sommes pas morts -aucun principe de précaution ne nous en préservera ! Il serait important d'en prendre conscience en Église...

Oui, nous sommes mortels : dans cette vie terrestre rien ne nous protège de la mort – ni vous ni moi : nous ne l'éviterons pas ! Si ce n'est pas Daech, ce sera beaucoup plus probablement une voiture au coin d'une rue, ou encore plus certainement un cancer attrapé par notre alimentation de surdéveloppés, ou plus sobrement un arrêt cardiaque comme ça sans autre cause que lui-même. Aussi, pas même une circulaire nationale, pas même un référent sécurité dans chacun de nos temples, ne nous la ferons éviter ; la mort peut survenir à chaque instant. Mais il ne faut pas avoir peur. Il ne faut pas avoir peur car ce que nous dit l'évangile c'est que par la foi, dans la confiance, dans l'amour et dans l'accueil de l'autre, notre vie touche à l'éternité. En Christ, cette vie là est imprenable.  Aussi, écrire une déclaration de foi c'est cultiver cette vie là. Oui, cette vie là est une réalité plus forte que nos peurs car elle est imprenable. Car comme l'écrivait Paul « nous sommes [déjà] morts et notre vie est cachée avec le Christ en Dieu ». L'évangile ce n'est pas que des mots, c'est aussi une vérité : il ne faut pas avoir peur, dans une Église il n'y a pas de « question » ou de « problème » de sécurité, il y a juste un état d'urgence à témoigner de l'éternité voulue par Dieu, dans l'amour, pour chacune, chacun, d'entre nous. 

Alors oui, je prie le Père de toute miséricorde que nous sachions encore témoigner de l'Evangile dans une belle déclaration de foi au Christ vivant plutôt que de participer à la psychose générale des précautions inutiles...