Lecture du
livre de Michée, chapitre 5, v. 1 à 5
1Quant
à toi, Beth-Léhem Ephrata, toi qui es petite parmi les phratries de
Juda, de toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël ;
son origine remonte au temps jadis, aux jours d'autrefois.
2C'est pourquoi il les
livrera jusqu'au temps où celle qui doit accoucher accouchera ;
et le reste de ses frères reviendra auprès des Israélites.
3Il se dressera et les
fera paître avec la force du SEIGNEUR, avec la majesté du nom du
SEIGNEUR, son Dieu ; et ils s'installeront, car il est dès
maintenant glorifié jusqu'aux extrémités de la terre.
4C'est lui qui sera la
paix ! Lorsque l'Assyrien viendra dans notre pays et qu'il
pénétrera dans nos palais, nous dresserons contre lui sept bergers,
huit princes du peuple.
5Ils feront paître
l'Assyrie avec l'épée, et le pays de Nemrod avec le glaive.Il nous
délivrera ainsi de l'Assyrien, lorsqu'il viendra dans notre pays et
qu'il pénétrera sur notre territoire.
Prédication :
1- Il faut
être fidèle à l’avenir de Dieu avec nous plus qu’au passé.
Le sens de
l'avent que célèbre l’Église chaque année est de nous tourner
en confiance vers demain. Le sens de l'avent est bien de se préparer
à la joie de vivre dans l'espérance. Par ce temps liturgique, il ne
s'agit pas de faire mémoire pieusement d'un événement du passé,
ou de contempler mystiquement le surgissement du Christ dans le sein
de Marie – non !
Mais il
s'agit de se tourner radicalement vers demain pour voir surgir
l'événement de Dieu dans le monde. Un événement qui est encore à
venir.
C'est le
sens de l'avent en ce qu'il inaugure toute l'année de l'église :
ouvrir un regard d'espérance et de confiance – et ce regard
d'espérance et de confiance nous est donné pour toute notre vie. Il
nous faut être fidèle à l'avenir de Dieu avec nous plutôt qu'au
passé ou au présent.
Nous devons
tenir, nous chrétien à ce présupposé d’une attente à l’avenir,
présupposé d’espérance, présupposé de vivre encore
l’avant-dernier, car depuis les Ecritures ce présupposé oriente
toute la théologie, tout le discours sur Dieu. Aussi, il convient de
ne pas croire les prophètes de malheur des extrêmes de tous
bords. L’avenir n’est pas sombre. Notre avenir qui repose entre
les mains du Père est lumineux
Ainsi la
seule parole prophétique vraie revient à parler de Dieu non à
partir d’un point du passé, mais à partir d’un avenir
qui est entre ses mains.
Le royaume
du Christ est devant nous, nous devons être fidèles à cet au-delà
plutôt qu’à tout ce qui est de l’ordre du passé. C'est ce dont
témoigne une fois de plus le texte prophétique que nous avons
entendu, tiré du livre du prophète Michée
2- Au cours du 8ème avant
la naissance du Christ, le prophète Michée délivre la parole de
l’Éternel aux habitants de Juda, ses contemporains.
Ses contemporains, des
hommes et des femmes qui sont dans une terrible situation. Rappelons
un peu l'histoire : après les règnes de David et Salomon la
terre promise a été divisée en un royaume du nord – Israël et
un royaume du sud – Juda. Israël qui avait pour capitale Samarie a
été dévasté par les armées Assyriennes – l'empire le plus
puissant de l'époque. Un siège de trois ans à mis le pays à feu
et à sang – et les survivants ont été emmenés en exil. La
capitale est tombée en 721. Les survivants sont alors amenés à
pleurer aux bords des fleuves de Babylone quand Michée prend la
parole.
Il ne reste donc plus que
le royaume de Juda, que convoite l'empire – un empire qui
progresse et grignote territoire après territoire, ville après
ville. Jérusalem, la capitale du royaume du sud ne résistera plus
très longtemps – se soumettant à l'empire pendant un peu plus
d'un siècle elle sera prise en 588-587.
Aujourd'hui on peut penser
que le prophète Michée parle dans le siècle qui sépare 700 et
587 – une période trouble, une période de soumission, le royaume
de Juda n'est plus que le vassal d'une puissance étrangère soumis à
ses caprices et à ses tourments.
J'insiste car c'est dans
cette tension dramatique que le prophète annonce un roi :
Quant à toi, Béthléem
Ephrata, toi qui est petite parmi les phratries, les clans ou les
tribus de Juda – de toi sortira pour moi celui qui dominera sur
Israël ;
Michée annonce un
roi-sauveur. Un roi-sauveur qui surgira de Béth-léem Ephrata –
ville du nord d'Israël – ville qui pour l'heure est totalement
soumise à l'empire.
Du coup, vous comprenez
que vu le contexte : la parole semble totalement improbable –
elle est incroyable en regard de la situation du pays, par rapport à
la domination étrangère sur Israël et Juda. Improbable car
Béthléem est un territoire totalement dominé, incroyable aussi car
ce qui peut bien rester de famille royale pour Israël a été
déportée et ne se trouve plus sur ce territoire.
Improbable, incroyable
cette parole rappelle quand même un souvenir au peuple élu. La
ville de Béthléem est liée de manière définitive avec David, le
grand roi David, qui était un Ephratéen. Du coup, cette parole est
aussi improbable et incroyable que le choix de Dieu quand il a établi
David sur le trône d'Israël. David, petit berger, dernier de sa
fratrie, fils de paysan – pourtant le petit berger est devenu le
plus grand roi sous le regard de Dieu.
C'est donc par rapport à
cette histoire que Michée, dans une situation terrible annonce le
surgissement d'un roi, sauveur, et berger, en un mot – le
surgissement du Messie, du Christ.
Michée emploi ici l'image
du berger – cette image dit le rassemblement du peuple comme celui
d'un troupeau dispersé, elle dit le soin que le berger donne à
chacune de ses bêtes, l'attention qu'il leur porte, la vigilance et
la protection face au danger éventuel.
Cette image du berger,
nous le savons tous, est une des images de Dieu que déploient les
Ecritures pour parler de l’Éternel, depuis le psaume 23
Ce psaume dit la présence
accompagnante de Dieu, rassurante. Et ce psaume dit surtout que le
chemin que l'on emprunte – quelqu'il soit – est connu de Dieu.
Nous ne sommes pas laissés à l'abandon mais nous sommes
accompagnés, guidés, dirigés.
Cette image de Dieu ne
doit pas être un absolu, comme aucune image, mais elle dit quelque
chose d'un Dieu présent et qui nous accompagne.
Quand je
disais qu'aujourd'hui, par ce temps de l'avent il s'agit de se
tourner radicalement vers demain pour voir surgir l'événement de
Dieu dans le monde. Un événement qui est encore à venir.
Quand je
disais qu'il s'agit d'ouvrir un regard d'espérance et de confiance
donné pour toute notre vie. Il nous faut être fidèle à l'avenir
de Dieu avec nous plutôt qu'au passé ou au présent.
C'est bien
que Dieu marche avec nous, que le chemin lui est connu – qu'il
traverse de vertes pâtures ou des vallées obscures.
La figure du
berger vient donc dire une certaine tendresse vigilante de Dieu à
notre égard, quand bien même nous avons du mal à nous reconnaître
moutons au milieu du troupeau – quand bien même il s'agit de jolis
agneau. Mais l'image de berger ne parle pas de nous, elle parle de
Dieu pour le psaume 23 ; elle parle du Messie, du roi-sauveur
pour le prophète Michée.
Oui, l'image
du berger permet de dire à Michée la tendresse et la puissance du
Messie – deux choses qui semblent sinon contradictoire du moins,
bien souvent opposée. Tendresse et puissance, attention et pouvoir,
écoute et parole adressée. Cette tendresse vigilante le prophète
Michée en parle en terme de domination de paix.
Etre dominé
par la paix – rappelons nous que la paix en hébreu, ce n'est pas
seulement la paix qui s'oppose à la guerre, c'est la paix
intérieure, la paix totale ; la paix que l'on pourrait traduire
aujourd'hui par le bonheur.
Ce
qu'annonce le prophète Michée c'est donc le surgissement dans la
ville de David, d'un roi-messie, d'un berger-sauveur qui vient pour
le bonheur et la paix du monde.
Au plein
cœur de la tourmente, de la guerre, de l'exil, et de toutes les
horeurs qui vont avec dans le millénaire qui précède la naissance
du Christ, le prophète annonce l'avenir
Car oui
la seule parole prophétique vraie revient à parler de Dieu non
à partir d’un point du passé, mais à partir d’un avenir
qui est entre ses mains. Et donc de risquer la confiance, de risquer
l'espérance.
Le royaume
du Christ est devant nous, nous devons être fidèles à cet au-delà
plutôt qu’à tout ce qui est de l’ordre du passé. C'est ce dont
témoigne une fois de plus le texte prophétique que nous avons
entendu, tiré du livre du prophète Michée.
Dans notre
marche vers Noël que cette espérance, ce dynamisme de la confiance,
cette ouverture à demain avec Dieu, vienne faire sauter tous les
verrous de nos peurs, toutes les chaînes de nos angoisses, tout ce
qui nous empêche de vivre de la liberté des enfants de Dieu.
Dieu prend
parti pour nos chacune de nos vies - aussi sombres ou lumineuses soit
elles – elles peuvent toutes être au bénéfice de la bonne
nouvelle : espérance, confiance, ouverture et liberté que ces
mots et beaucoup d'autres encore, sans doute, nous permettent de
pouvoir vivre la paix donnée en Christ, et de pouvoir en témoigner.
Amen
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