vendredi 23 octobre 2015
Etude Biblique sur la lettre aux Galates
Vous trouvez ici le cahier support de l'étude biblique sur la lettre aux Galates que nous partagerons les troisièmes jeudis de chaque mois à 20 h. 30 à Béziers.
samedi 17 octobre 2015
De l'Eglise : une pensée liquide
Cette réflexion part de la lecture d'un article d'Arnaud Join-Lambert, théologien catholique, que j'ai trouvé via une recension sur le site témoins.
Note de lecture
sur « Vers une Eglise "liquide" »[1],
Il s’agit pour Arnaud Join-Lambert de penser l’Eglise
dans la catégorie de la liquidité mise en place par Zygmunt Bauman. Ce
sociologue depuis une cinquantaine d’année déploie cette métaphore pour penser
les rapports humains[2].
Il s’agit pour l’auteur que nous suivons ici de partir de cette pensée de la
société pour l’appliquer à l’Eglise :
« Une
société liquide se caractérise par le primat des relations, de la
communication, de la logique des réseau, par différence avec une société solide
qui privilégie les institutions et la stabilité sociogéographique. (…)
Appliquée à l’Eglise, la liquidité traduit plusieurs déplacements spécifiques,
dont une vie chrétienne basée sur l’activité spirituelle et non sur des
structures, un décentrement de l’office dominicale, une part croissante des
commençants et des recommençants par rapport aux fidèles de toujours, et le
passage limité dans le temps au sein d’une église précise.
Le
problème n’est pas ceux qui viennent encore dans les paroisses solides mais
tout ceux qui n’y viennent pas ! Or elles mesurent leur succès au nombre
de « pratiquants », même lorsqu’elles affirment avoir le souci de
tous. En ne faisant que répondre aux besoins religieux de certains, les
paroisses solides ignorent ou négligent de
facto la soif spirituelle du plus grand nombre. »
Une fois posé cette problématique, penser l’Eglise
liquide, pour Arnaud Join-Lambert ouvre trois pistes possibles dans trois
images :
- La liquidité totale : Le christianisme se disperse « pour donner sens à la vie des hommes aujourd’hui (comme le sel se dissout dans l’eau) ». une dispersion qui donne sens mais qui est aussi une disparition.
- Le bateau sur le monde liquide : l’Eglise « conserve une part de solidité dans un monde devenu fluide, mais n’a plus de point d’ancrage social ou culturel ». L’auteur emploie alors l’image de l’Arche de Noé.
- Le précipité chimique de deux liquides : prenant en compte que l’église comme la société sont liquides et leur mélange produirait des éléments solides. L’auteur pense qu’alors « une Eglise qui sortirait vers les périphéries, avec un style aproprié, pourrait voir surgir du sens et de l’espérance, là où il n’y en a plus.
C’est la piste ouverte par cette dernière image que
l’auteur suit dans son article. Il s’agit alors de sortir d’une vision de l’Eglise
maitresse de ses limites et de ses frontières ; et la paroisse retrouverait,
en devenant une paroisse liquide, son sens de paroikos – étranger résidant dans
le monde selon l’épître à Diognète. Mais ces paroisses pensées comme « Eglise
en réseau » pourraient se structurer sur trois dimensions :
- - L’accompagnement : construire une nouvelle vie pour l’Eglise qui existe déjà l
- - L’événement : aller rejoindre la périphérie par des initiatives
- - Mystique : renouveler les modes de présence au monde de la vie consacrée
Ces trois dimensions pour être explorées et menées
demandent des leaders pour chacune d’elle, et dans l’ordre évoqué ci-dessus, Join-Lambert
nomme le curé, l’aumônier, et le moine ou la moniale (fonction de directeur
spirituel) et à ces trois fonctions il en articule deux autres : la
coordination comme figure de communion des trois dimenions, et la figure du
théologien pour porter le souci de la mise en perspective.
Ce parcours entraine Join-Lambert à conclure ainsi :
« Le
temps de la pastorale de chrétienté accordant la priorité au curé de paroisse
et ses brebis sur un petit territoire bien délimité est définitivement révolu.
L’heure est à la polyvalence, aux changements d’orientation, aux mutations
rapides.
Le
mérite d’une réflexion autour de la liquidité est de proposer quelques
hypothèses pour que l’Evangile puisse continuer à être annoncé à tous, dans les
moindres anfractuosités de la société occidentale, selon les modalités de
sociabilité et d’expression culturelle de notre temps »[3]
L’écho sur
le site Témoins :
Jean Hassenforder a fait une belle recension de l’article
de Join-Lambert pour le site témoins,
à partir de sa lecture il tire des
pistes de réflexion :
« Il
y a dans cet article à la fois une vision innovante de l’Eglise et une expression
de foi alliant conviction et ouverture. Les deux dimensions sont conjointes. C’est
un aspect qui contribue à donner à l’article toute sa valeur. « Le cœur de
la mission » des chrétiens, « c’est d’annoncer la bonne nouvelle pour
tous, dans toutes les nations ». C’est la motivation de l’auteur telle qu’elle
s’exprime tout au long de ce texte. Cette mission ne prend pas la forme qu’on a
pu connaitre autrefois : faire rentrer les convertis dans une institution.
L’auteur évoque en ce sens la pensée de Michel
de Certeau : Celui-ci suggère « de faire place à Dieu à l’image
de l’étranger sur la route d’Emmaüs ». L’annonce de la bonne nouvelle se
déploie à travers la rencontre, particulièrement avec l’Autre ».
Pour Hassenforder, très justement, penser l’Eglise
liquide permet de dire quelque chose de « l’Eglise émergente » pour
reprendre la désignation de Gabriel Monet.
Pour aller
plus loin :
A la lecture de l’article de Join-Lambert, je me
suis attaché à cette note de lecture car j’ai trouvé très pertinent ce qu’il
écrivait sur la paroisse. Mais le théologien protestant que je suis reconnait
une très grande force à l’ecclésiologie catholique en ce qu’elle propose une
plus grande diversité de lieux d’Eglise que dans l’ecclésiologie protestante.
Or, pour prendre un seul exemple : les monastères et les communautés
offrants des possibilités de retraite et de vie spirituelle à un autre rythme
que la paroisse ne sont pas présents dans l’article de Join-Lambert.
Or, pour
reprendre ses catégories, penser ces lieux, non comme des « arches de Noé »
mais comme participant au « précipité chimique » peut revaloriser une
pratique d’Eglise ; peut-être plus occasionnelle, mais qui répond à une soif de
spiritualité.
Une autre piste de réflexion, est une manière de
recevoir la pensée de Join-Lambert dans une ecclésiologie protestante. Il me
semble que l’image du précipité peut renvoyer à l’articulation de l’église
visible et de l’église invisible en tant qu’il dit quelque chose d’une
dynamique.
L’articulation calviniste empêche de penser que l’institution
– église visible – recouvre en totalité le corps du Christ – église invisible.
Elle concrétise l’affirmation selon laquelle « seul Dieu connaît les siens »,
contre les partisans de « hors de l’institution point de salut » ;
mais elle évite le rejet de toute forme d’institution comme il pouvait y en
avoir chez les tenants de la réforme radicale. Cette double compréhension de l’Eglise
chez Calvin a été reçue, à la suite de Barth comme une dialectique et donc une
dimension dynamique :
«
Chez Calvin, il y a deux voies d’approche pour traiter la question de l’Eglise.
Ces deux voies correspondent à ce qu’il appelle l’Eglise visible et l’Eglise
invisible. Dans leur dépendance réciproque, elles illustrent ce que l’on peut
appeler le principe dialectique de l’ecclésiologie du réformateur, (…) l’aspect
visible nous renvoyant à la réalité invisible et la réalité invisible nous
obligeant à considérer l’indispensable réalité visible, de telle sorte que l’on
ne peut comprendre ce qu’est l’Eglise sans ce mouvement. La doctrine de
l’Eglise n’a rien de statique »[5].
Cette dynamique empêche de penser l’Eglise dans les
termes de « dedans » et de « dehors ». Je rejoins alors une
définition possible de l’Eglise multitudiniste que j’avais pu donner ici en prédication
sans alors avoir le vocabulaire de l’église liquide pour le dire.
Enfin une troisième piste de réflexion est un écho au livre Les ruines de la chrétienté de Pierre-André Stucki (Ed. Labor et Fides) que je signalerai juste ici sans le développer. Ce livre essaye de dépasser l'Eglise comme des ruines de cathédrale qu'il faudrait visiter, invitant à ne plus nous en tenir à la pierre, mais à penser l'Eglise en terme de flux ou de courant, avec un modèle de "source-embouchure".
Ouverture :
Penser l'Eglise en terme de liquidité me semble tout à fait pertinent pour essayer de dire et d'orienter la réalité contemporaine. Peut-être même faudrait-il penser cette liquidité en terme théologique ? La kénose, l'abaissement, la croix n'était-elle pas une certaine liquidation de Dieu ou de nos images de Dieu ? S'ouvre alors un tout autre champ de réflexion pas moins pertinent...
[1] Arnaud
Join-Lambert, “Vers une église « liquide »”, Etudes 2015/2, p. 67-78
[2] A titre
d’introduction on peut se reporter à l’entretien intitule : «vivre dans la“modernité liquide”»,
[3] A. Join-Lambert, art. cit.,
p. 78
[5] J.
Courvoisier, «La dialectique dans l’ecclésiologie de Calvin», dans Regards
contemporains sur Jean Calvin. Actes du Colloque Calvin, Strasbourg 1964,
Cahiers de la Revue d’histoire et de philosophie religieuses, 39, 1965, 86
jeudi 8 octobre 2015
Prédication du dimanche 4 octobre
18L'Eternel Dieu dit : « Il n’est pas bon pour l’homme d’être seul. Je veux lui faire une aide qui lui soit accordée. » 19L'Eternel Dieu modela du sol toute bête des champs et tout oiseau du ciel qu’il amena à l’homme pour voir comment il les désignerait. Tout ce que désigna l’homme avait pour nom « être vivant » ; 20l’homme désigna par leur nom tout bétail, tout oiseau du ciel et toute bête des champs, mais pour lui-même, l’homme ne trouva pas l’aide qui lui soit accordée. 21L'Eternel Dieu fit tomber dans une torpeur l’homme qui s’endormit ; il prit l’une de ses côtes et referma les chairs à sa place. 22L'Eternel Dieu transforma la côte qu’il avait prise à l’homme en une femme qu’il lui amena. 23L’homme s’écria : « Voici cette fois l’os de mes os et la chair de ma chair, celle-ci, on l’appellera femme car c’est de l’homme qu’elle a été prise. » 24Aussi l’homme laisse-t-il son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et ils deviennent une seule chair.
Nous voilà aujourd’hui invité à
entendre ce mythe
de la création d’Eve, création de la première femme qui
intervient après la création d’Adam.
Nous sommes avec ce
texte dans la deuxième version de la création. Vous le savez il y a dans nos Bibles deux textes qui font le récit de la création. Le premier,
au chapitre 1 de la Genèse, est un texte très poétique, très structuré. Il décrit la création en 6 jours aboutissant au Sabbat. La terre est alors l’œuvre de la parole de l’Eternel, une création à
partir de rien – ex-nihilo comme on dit. Une création par la parole
de l’Eternel qui créé
et qui bénit. C’est en fait le
texte le plus récent de la création. Un texte poétique, peut-être aussi un texte liturgique, marqué
par la répétition et le calendrier.
Vient ensuite dans
le livre de la Genèse une autre
tradition sur la création. Une
tradition beaucoup plus ancienne, beaucoup plus rurale aussi avec les chapitres
2 et 3. Alors Dieu créé
le monde à partir de la matière. Alors Dieu est
acomme un potier façonnant l’humain, l’adam dans la terre.
C’est l’étape 1 de la création de l’humain. Puis vient après l’étape 2 la création d’ève, création de la femme – c’est le texte que nous avons entendu.
Si je dis qu’il s’agit de mythe c’est que nous ne
pouvons faire coller les deux traditions pour espérer une
reconstitution historique. Les deux textes ne s’accordent pas sur
un plan historique –
ils ne disent pas
la meme chose, car l’essentiel n’est pas dans la description.
Ainsi, en ce qui
nous concerne avec le texte entendu aujourd’hui, la première tradition dit la création de l’homme et de la femme d’un même élan, au même moment : « Dieu créa l’homme à
son image, à l’image de Dieu il les créa ; mâle et femelle il
les créa ». C’est totalement
incompatible avec les détails de la deuxième tradition que je viens de lire. Très nettement, dans
cette deuxième tradition il y a d’abord la création d’Adam, puis la création d’Eve – deux étapes bien distinctes.
La création dans la Bible
est un mythe c’est dire qu’il ne s’agit pas d’un texte qui décrirait une vérité historique, mais c’est un texte qui
porte une vérité
symbolique. Une vérité symbolique, c’est dire que le texte ne vient pas décrire comment s’est historiquement passé
la création, mais bien
comment nous pouvons comprendre le monde comme création de Dieu.
J’en conviens, la difficulté aujourd’hui c’est que le mot mythe est souvent connoté
négativement comme un discours faux. Ainsi un menteur chronique est
souvent taxé de mythomanie.
Comme si le mythe avait quelque chose à
voir avec le
mensonge, ou une non-vérité.
Alors que le mythe
n’est pas un discours rationnel qui pourrait dire le vrai ou le faux,
mais c’est un discours symbolique, un discours qui représente une vérité plus qu’elle ne la dit.
Ainsi l’anthropologue Claude Levis-strauss a rapproché le mythe de la musique : "pendant des
millénaires, le mythe a été un certain mode de construction intellectuelle... Mais, dans notre
civilisation, à une époque qui se situe vers le XVII è, avec le début de la pensée scientifique, le
mythe est mort ou, à
tout le moins, il a
passé à
l'arrière-plan comme type de construction intellectuelle. Alors ... la
musique a pris en charge certaines des fonctions que le mythe cessait
d'assumer."
Discours de représentation la création peut alors être une musique. On peut penser à
la musique de l’oratorio de Haydn, « La création ».
Le mythe a un lien
avec l’art en tant qu’il est une représentation du sens. Levis-strauss le rapprochait de la musique, mais il
peut y avoir aussi ce discours en peinture. C'est ce qui m'a fait penser à cette peinture de Chagall dont nous voyons des détails depuis le début du culte (un diaporama accompagnait la liturgie). Un
tableau sur le texte de la Genèse qui raconte en
dessin la création d’Eve.
Cette image se lit
de gauche à droite et de haut
en bas.
En bas à
gauche on voit Adam
en position de Yogi qui lève le bras pour
faire apparaître son côté ouvert –
la côte d’où est sortie Eve. Eve
est au-dessus derrière une nuée blanche et lumineuse –
symbole de la
divinité ; puis en allant vers la droite vous voyez le serpent qui menace le
couple prêt à
croquer la pomme – cette image très riche fourmille de vie : des représentations animales et même d’autres représentations humaines...
La création dans la Bible
peut donc s’entendre comme une création artistique : musique,
peinture, et bien d’autres. Le discours
n’est pas alors celui de mots raisonnables pour décrire une vérité rationelle qui s’inscrirait dans l’histoire. Mais le texte se fait alors l’expression du
ressenti d’une relation à Dieu qui s’inscrit dans la vie
du monde, dans la vie de l’humain, et dans la
vie l’homme et la femme.
Une fois qu'on a
dit ça, comment entendre ce discours symbolique ? Comment faire résonner cette représentation du sens que nous donne le texte de la création d’Eve que nous avons
entendu ? Comme toute œuvre d’art il y a une multitude de pistes possibles pour ouvrir le
commentaire.
Je voudrai pour
aujourd’hui reprendre deux notions qui me semblent traverser le texte, deux idées.
Il y a d’abord la notion de compagnonnage
entre l'homme et la femme. Tout part de
la parole de l’Eternel : « il n’est pas bon pour l’homme d’être seul ». Ce compagnonnage peut être compris de manière dévalorisante avec une vision utilitariste
de la relation homme femme. Ainsi on peut comprendre qu’Eve n’a été créé que dans le le but
de rompre la solitude d’Adam. Dans l’histoire de l’interprétation du texte
biblique cette idée a été souvent véhiculée. Mais de tout
temps aussi, ce compagnonnage a été valorisé dans la notion du côte à côte de l’homme et de la
femme, un côte à
côte qui créé
une égalité de fait.
Déjà Saint Thomas d’Aquin, au treizième siècle écrivait ceci : « Si la femme avait été tirée d’un os de la tête, elle aurait représenté l’orgueil. Si elle avait été tirée d’un os du pied, elle aurait été esclave. Elle a été tiré d’un os du milieu, donc elle se situe au
milieu de l’être humain ».
Milieu de l’être humain, le côte à côte de l’homme et de la
femme, le compagnonnage voulu par Dieu est une relation d’égalité, d’équivalent, de vis-à-vis. Et pour renforcer ce trait fondamental, quand dans le récit Dieu a fini sa création de la femme – Adam dit : « voici cette fois l’os de mes os, et la chair de ma chai, celle-ci on l’appellera femme –
isha en hébreu - car c’est de l’homme –ish en hebreu - qu’elle a été prise ». Isha –
Ishe en hébreu la différence entre l’homme et la femme n’est que d’une seule lettre – isha, ishe dans la langue hébraïque se dit fondamentalement une équivalence et une égalité.
Compagnonnage, équivalence, égalité entre homme et femme, j’insiste très largement sur ce trait –
ce trait que l’on retrouve dans le tableau de Chagall dans le couple enlacé. Si c’est Eve qui tient
la pomme – dans le tableau comme dans l’Ecriture elle ne saurait être plus pécheresse que l’homme puisqu’ils sont fondamentalement en relation de côte à côte, de vis-à-vis, d’égalité.
Cette égalité instaurée par Dieu est je crois, encore aujourd’hui un combat.
Quand bien même le droit des femmes est, ici du moins
dans un occident confortable, le droit des femmes est le même que celui des hommes ; nous avons au nom
de notre foi, au nom de notre relation à
Dieu à dire que rien n’a à abaisser la femme vis-à-vis de l’homme, que rien ne justifie une dévalorisation
religieuse de la femme, rien ne justifie l’instrumentalisation
de la femme.
Ce texte de la création bien entendu vient dire à
l’apôtre Paul qu’il se trompe quand il veut placer la femme en soumission à l’homme. Et ça il nous faut sans
cesse y revenir, dans la rencontre d’autres traditions
religieuses, d’autres conceptions culturelles.
Sur Internet j’ai trouvé
la video de cette
campagne interreligieuse en Inde –
un pays ou le droit
des femmes est souvent bafoué
– une video qui circule depuis quelques jours sur les réseaux sociaux :
« toutes les religions protègent les femmes ;
protéger les femmes est une religion »
dit le slogan. Le
viol des femmes en Inde est un vrai problème de justice et de droit. Et il est
heureux que les religions s'unissent pour défendre le droit des
femmes.
Egalité dans les relations de l’homme et de la
femme –c’est la première idée que je retiens du récit de la création et la seconde
idée dit quelque chose de toute vie humaine – tant femme que homme. C’est la notion de
sortir de quelque part, ou d’être tiré de quelqu’un. Ça semble peut être un peu hermétique mais c’est je crois quelque chose de peut-être plus
fondamental encore que nous dit le texte biblique.
Pour bien entendre
cette idée, le texte nous dit que la femme est tirée de la côte d’Adam et aussitôt le récit fait le lien avec « l’homme laissera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme ». La femme est tirée de la côte, et l'homme doit se tirer de chez ses parents, si vous me passez
l'expression. C’est assez surprenant ce lien entre la création de la femme à
partir de l’homme et la séparation de l’homme de son père et sa mère, d’autant plus surprenant qu’Adam - souvenons-nous en - n’a ni père ni mère dans le récit biblique.
Le lien est
surprenant et pourtant dans les deux cas il y a quelque chose qui se dit d’une séparation. La femme est tirée, séparée de l’homme, et l’homme est séparé, tiré de son père et sa mère. Ce que nous dit
le texte c’est que pour exister il faut accepter une
séparation, une coupure, une sortie, mais ce que nous ne sommes nous ne
pouvons l’être qu’à
partir d’autres.
Exister d’ailleurs, le mot exister étymologiquement dit
que « l’on est à
partir de » - ex-istere en latin. Lors de sa création Eve existe à partir de l’homme, et l’homme existe à
partir de son père et sa mère. L’humanité
est dans une
relation de dépendance les uns vis-à-vis des autres. Une dépendance que, je
crois, nous avons du mal aujourd’hui à valoriser.
Aujourd’hui nous vivons sous l’idéologie du self-made-man pour le dire en anglais : c’est l’idée de réussir sa vie tout
seul – ne rien devoir à
personne, c’est l’idéal de la
construction de soi. Or, le texte biblique nous dit qu’au contraire, nous ne pouvons vivre qu’en reconnaissant la
dette qui nous lie aux autres. Une dette fondamentale : nous ne pouvons vivre qu’à
partir des autres.
Et si je critiquais
la vision paulinienne de la relation homme femme, je trouve chez l’apôtre Paul un très bel écho de cet
endettement, de la dépendance de
toute l’humanité. Dans l’épître aux Romains, quand il écrit : « N’ayez aucune dette
les uns envers les autres, si ce n’est de vous aimer
les uns les autres »
- parler d’amour en terme de dette m’a toujours paru étonnant. Mais ce que vient dire le texte de la création c’est que toute vie
est endettée de vies lui précédant.
Nous voici aujourd’hui invités à entendre le mythe de la création d’Eve, plus qu’un discours
rationnel, plus qu’un récit historique ; le mythe est une œuvre d’art : poème, musique, représentation. Le mythe porte en lui-même plus qu’il ne raconte. J’ai choisi pour ce dimanche deux notions : l’égalité homme-femme dite
dans le côte à
côte d’Adam et Eve, et la dépendance de toute existence, dépendance de toute
vie à l’égard de la vie des autres. Une dette, une
dépendance dans l’amour dite dans la
sortie d’Eve du côté d’Adam et dans le fait que tout homme
quittera son père et sa mère.
Ces deux idées ne limitent pas le texte, il y aurait pu en avoir bien d’autres –
d’autres idées par lesquelles
nous pouvons essayer de traduire la bonne nouvelle de Dieu. Une Bonne Nouvelle
qui nous invite dans cette vie et dans ce monde, à
compter sur lui
pour vivre d’amour.
Ces deux idées ne limitent pas le texte car cette création est une
ouverture, une ouverture absolue à
l'espérance.
Dans cette
ouverture que nous sachions vivre le courage de la foi, de l'amour et de l'espérance. Amen.
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