Lecture
du livre de Sophonie, chapitre 3
14Pousse des cris de joie, Sion la belle !
Lance des acclamations, Israël !
Réjouis-toi, exulte de tout ton cœur, Jérusalem
la belle !
15Le SEIGNEUR a écarté de toi les jugements,
il a détourné ton ennemi ;
le roi d'Israël, le SEIGNEUR, est en ton
sein ;
tu n'as plus de malheur à craindre.
16En ce jour-là, on dira à Jérusalem :
N'aie pas peur, Sion,
ne perds pas courage !
17En ton sein, le SEIGNEUR, ton Dieu, est un
héros sauveur ;
il fera de toi sa plus grande joie ;
il gardera le silence dans son amour ;
il poussera des cris d'allégresse à ton sujet.
18Je recueillerai ceux qui sont dans le
chagrin, loin des rencontres festives,
ceux qui sont restés loin de toi,
sur qui le déshonneur pesait comme un fardeau.
19En ce temps-là,
j'agirai contre tous ceux qui
t'affligent ;
je sauverai ce qui boite,
je rassemblerai ce qui était banni.
Je ferai d'eux une louange et un nom
sur toute la terre où ils ont honte.
20En ce temps-là, je vous ramènerai,
en ce temps je vous rassemblerai ;
car je ferai de vous un nom et une louange
parmi tous les peuples de la terre,
lorsque sous vos yeux je rétablirai votre
situation,
dit le SEIGNEUR.
Prédication :
Cette
semaine la préparation de la fête de Noël a été particulièrement troublée Noël
fête laïque de l’enfance en a pris un coup du fait de quelques barbares au fin
fond du pakistan.
Oui je
crois que l’attaque de l’école de Peshaware, le massacre de 130 enfants ne
peut, en cette saison, pour nous chrétiens qui fréquentons les Ecritures, que
nous ramener au massacre des saints innocents. Cette page terrible de
l’évangile selon Matthieu qui pousse la petite famille : Joseph, Marie et
Jésus à fuir en Egypte, et qui entraine la mort de tous les nouveaux nés autour
de Béthléem.
Cette
page terrible est restée dans l’histoire comme le massacre des saints
innocents. Mais il y a une différence de taille entre ce massacre d’enfants et
celui dont les médias nous ont rendu témoins cette semaine : quand Hérode
massacrait les enfants il y a 2000 ans il ne le faisait pas au nom de Dieu,
mais il assumait son geste froidement pour assurer l’hégémonie de son pouvoir.
Dieu n’était pas instrumentalisé à l’époque, alors qu’il l’est bien souvent
aujourd’hui.
Oui
nous vivons dans un monde où Dieu est absent et quand il est présent c’est pour
être manipulé.
Cette
affirmation, au-delà des influences d’une philosophie nietzschéenne, par-delà
les concepts mis en place des théologies de la mort de Dieu, est pour moi avant
tout une manière de dire que Dieu n’a plus la place qu’il avait il y a 2000 ans
lors de la naissance de Jésus, mais ne serait-ce aussi qu’il y a cinquante ans.
Pour
notre monde, particulièrement pour notre société, et plus singulièrement encore
en France avec le régime de laïcité, Dieu n’est plus une référence obligée, il
est même quasi absent.
Et
quand il est présent, Dieu est manipulé, mis à la solde d'un pouvoir humain,
utilisé comme une caution morale ou comme
référence culturelle – mais il n'est pas reconnu comme Dieu.
Oui,
quand il est présent, c’est pour être instrumentalisé.
Bref
Dieu est absent du monde, et quand il ne l’est pas, c’est qu’il est utilisé par
les uns ou les autres à des fins peu
religieuses, politiques voire guerrières.
Cela
est vrai pour notre société et cela est vrai aussi pour chacune de nos vies.
Pour
ne prendre qu’un simple exemple, il faut se souvenir qu’il n’y a ne serait-ce
que cinquante ans, il était impensable d’appartenir à une communauté chrétienne
et de ne pas se rendre au culte ou à la messe le dimanche matin.
Aujourd’hui
l’on peut se revendiquer pleinement chrétien, vivre pleinement une vie de foi,
sans avoir l’obligation de franchir les murs d’une église ou d’un temple chaque
semaine.
Alors,
je ne pose pas ici de jugement moral, mais il s'agit bien plus de prendre
conscience de ce changement, c’est ainsi. Dieu n’est plus une référence obligée
dans la vie d’aujourd’hui, et ce qui était vécu comme la proximité avec Dieu,
le temps de culte, la pratique religieuse a changé, et elle change encore.
2- Et
pourtant malgré cette évolution du monde, cette évolution de nos comportements,
l’idée du jugement de Dieu reste ancrée dans notre inconscient. De manière
forte, même : en dépit de cette évolution du monde, comme de nos pratiques
religieuses, l’idée d’un jugement final est bien souvent une image qui perdure
malgré tout.
Alors
bien sûr cette idée ou cette image n’est pas la même pour tout le monde, selon
les références de chacun.
Je
prendrai deux images opposées l’une à l’autre qui disent ce jugement Pour les
uns, les classiques, cela ressemble aux plafonds de la chapelle Sixtine, une
peinture d’un joli bleu avec des anges à droites, au milieu Dieu qui fait le
tri entre les siens – ceux qui ont fait le bien – et les autres – ceux qui ont
fait le mal – qui se retrouvent entre les griffes du diable dans le coin gauche
ou le bleu du ciel est devenu le rouge des enfers. Ces peintures de la renaissance, devenues
aujourd’hui des peintures romantiques, sont des images qui perdures chez
certains.
Pour
les autres, le jugement final, cela ressemble à ce que l’on peut voir dans des
films catastrophes tels que terminator ou apocalypse now. Des films ou les
fléaux et les catastrophes dus au mal tombent sur la terre, et recouvrent le
monde de noirceur et de destruction. Mais un ou quelques heros qui eux, sont du
côté du bien, vont sauver la planète ou du moins lui permettre de survivre
jusqu’au prochain épisode...
Bref,
dans ces images, que ce soient celles de la chapelle sixtine ou de terminator
et d’apocalypse now, comme dans bien d’autres, le jugement est compris comme
une séparation, entre le bien d’un côté et le mal de l’autre.
Séparation,
entre ceux qui font le bien et ceux qui font le mal.
Or si
je vous parle du jugement de Dieu, c’est qu'il s’agit du thème du texte du
prophète Sophonie que nous avons entendu. Dieu qui détourne le jugement des
ennemis du peuple élu pour susciter au
sein du peuple, un héros sauveur.
Alors
désolé, pour les fans de Michelange il n’y a pas d’ange, et, pour les fans de
terminator, il n’y a pas non plus de zombi destructeur.
Non,
le prophète parle des hommes et il parle du monde que nous connaissons. Sans
autre fioriture. Il parle de la
présence de Dieu au cœur du monde, d'une parole qui restitue la dignité aux
hommes et aux femmes, qui restaure la vie. Et surtout il parle de joie.
Au
sujet des hommes, Sophonie écrit : « Je sauverai ce qui boite, je
rassemblerai ce qui était banni, je ferai d'eux une louange et un nom sur toute
la terre »
Au sujet du peuple, il
parle de rassemblement et de restauration : « je rétablirai votre
situation dit l'Eternel »
Que ce soit au niveau des
hommes comme au niveau du peuple on
entend bien que le jugement n’a rien à voir avec une séparation entre le bien
et le mal. Michel Angelo ou les réalisateur américains ont tout faux.
Le jugement que Dieu pose
sur le monde n’est pas une séparation entre les uns et les autres. Bien plus ce
jugement est une transformation, une transformation des hommes et du monde.
Une transformation qui
est guérison des souffrances de l’humain.
Un changement qui est
régénérescence du peuple
Une transformation, un
changement qui est suscité par la présence de L’Éternel au sein du peuple
Le jugement de Dieu est une
transformation pour ancrer la joie dans nos cœurs.
Dire le jugement de Dieu,
c’est dire son pouvoir de transformation malgré tout ce que nous pouvons vivre
aujourd’hui, un pouvoir qui guérit l’humain et qui apaise le monde.
Toute la difficulté
étant, j’en conviens, de percevoir ce pouvoir de transformation. Il est loin,
c’est vrai, d’être évident de voir Dieu à l’œuvre dans le monde et dans nos
vies.
3- « Pousse des
cries de joie, Sion la Belle ! Lance des acclamations, Israël ! »
J'avoue que parler de
joie, d'acclamation et de louange aujourd'hui a comme quelque chose de
surréaliste ou d'indécent, comme un goût d'amertume : on ne peut pas,
comme innocemment, tourner nos regards vers Noël en oubliant la souffrance
commise au nom de Dieu. On ne peut pas célébrer la naissance d’un enfant en
Palestine il y a 2000 ans en fermant les yeux sur les enfants massacrés
aujourd’hui encore dans le monde
Cette joie, cette louange
rejoint pourtant le plaisir de Dieu à Noël. Oui, la semaine dernière nous
entendions déjà le message des anges aux bergers : « Paix sur la
terre aux hommes parmi lesquels Dieu prend plaisir »
Je crois que cette parole
est vraie, qu’elle dit une vérité de nos vies, elle est vraie pour chacun
d’entre nous : Dieu nous aime et nous veut heureux.
Pourtant, cette parole
n’est pas toujours évidente à entendre,
et bien des jours il est
difficile de percevoir l’amour de Dieu dans nos vies, l'amour de Dieu à
l'oeuvre dans le monde – cette joie nouvelle que Sophonie, le prophète nous
invite à porter.
Que ce soient par nos
difficultés où celles de nos proches, la maladie ou le deuil, la dépression,
les angoisses dues au travail ou à l’absence de travail, les peurs multiples,
et la liste est longue.
Mais malgré cette réalité
de nos vies souvent dure.
Je crois que la parole
posée à Noël est vraie. Une parole qui est un jugement pour la transformation
du monde en joie.
Dieu met en nous toute sa
joie, il veut prendre plaisir en nos vies :
Une fois encore ça ne
veut pas dire ne veut pas dire que nous sommes protégés des heurs et malheurs
de la vie, il ne s’agit pas d’une
assurance vie, ou d’une garantie. Ce n’est pas même un vaccin qui
éviterait certains désagréments. Non.
Dieu met en nous toute sa
joie, il veut prendre plaisir en nos vies, cette parole est vraie dans le sens
où malgré tout, Dieu reste disponible pour nous. Et il est lui le lieu où nous
pouvons trouver la joie, sans condition, malgré tout ce que nous pouvons
traverser. Alors Noël a encore un sens malgré le massacre d’enfants.
Dire le jugement de Dieu
sur nos vies, c’est dire que nous sommes tous appelés à trouver cette joie,
malgré tout :
A
quelques jours de Noël se rappeler de cette bénédiction dont découle tout
l'évangile – Dieu se lie à notre humanité pour nous dire du bien, il dit le
bien auquel nous sommes appelés, auquel le monde est appelé, malgré tout. Malgré
l’humain, malgré toutes ses tentations au jugement, à la violence et à la mort.
Dire
le bien auquel nous sommes appelés : Tel est le seul, l’unique, jugement
de Dieu rapporté dans l’Ecriture. Un jugement qui appelle à la confiance et au
courage.
Le
reste, que ce soit la chapelle sixtine ou les films terminators ou apocalypse now
ne sont que les fruits de notre imagination, de notre angoisse.
Mais
malgré cette angoisse, il faut tenir bon et rappeler cette bénédiction
première.
Le
jugement de Dieu est de l'ordre d'un babillement d'enfant dans une crèche
d'herbe, un don d'amour, un jaillissement de paix.
Aussi
c’est à nous église de savoir porter, pour cet enfant, comme pour tous les
autres enfants du monde, pour chacun, de savoir porter cette parole de paix
d’amour et de joie.
Oui
L’Éternel fait de nous sa plus grande joie,
que nous sachions entrer dans sa paix, dès ce jours.
A lui seul soit la
gloire. Amen
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