Au lendemain du crime
odieux contre Charlie Hebdo, la société se réveille en tremblant
au risque des ténèbres et de la peur. A l'heure de l'émotion, je
voudrai me souvenir que la seule chose que nous puissions opposer au
règne de la haine et de l'intolérance que certains promeuvent par
les armes, leurs prises de position, ou leurs livres, c'est la
confiance.
Cette confiance, le pacte
républicain la soude autour des trois mots de liberté, égalité et
fraternité. Cette confiance personnellement, j'en trouve la source
dans la bonne nouvelle du Christ Jésus et dans ses paroles
d'amour et de liberté, dites au nom du Père. Cette confiance, je le
crois, peut aussi se trouver dans une lecture du Coran ; dans ce
qu'Abdennour Bidar, par exemple, appelait l'Islam sans soumission,
il concluait son essai
sur un existentialisme musulman par cette vision pleine de
confiance : « Bientôt peut-être nous verrons les hommes
réunis dans une condition humaine nouvelle où la croyance des uns
et l'athéisme des autres auront été conduits au-delà de leur
différence, puisque ceux qui croyaient au ciel l'auront trouvé sur
la terre et ceux qui ne croyaient pas au ciel... l'auront tout de
même trouvé sur la terre. Pour les uns comme pour les autres,
l'infinie puissance d'agir ne sera plus un idéal -en quoi l'on
espère ou l'on rejette-, mais la réalité même d'un état humain
nouveau : celui de cet être qui est fontaine de vie toujours
jaillissante au centre du jardin » (A. Bidar, l'Islam sans
soumission, Albin Michel, 2008, p. 256).
Confiance en la fontaine
de vie face aux ténèbres, à la peur et à la puissance de mort. Il
faut tenir cette confiance car s'entendent déjà celles et ceux
qui, par exemple, regrettent que la peine de mort n'existe plus en
France pour châtier les coupables. Tenir la confiance et redire que
dans notre tradition française, républicaine, démocratique et
humaniste, la réponse à la violence n'est pas la violence mais la
justice. Une justice qui affirme au plus haut la liberté de l'humain
indéfectiblement liée avec le respect de la dignité humaine,
dignité de toute vie.
Alors, la confiance en la
vie ne m'empêche pas de trembler au lendemain du massacre, elle me
pousse juste à croire qu'au-delà de l'absurdité de ces morts et de
toute cette violence, une société dans laquelle chacun puisse
croire, penser, s'exprimer et vivre selon son cœur et en toute
liberté est possible, que l'on soit caricaturiste à Charlie Hebdo ou Musulman...
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