mardi 24 mai 2016

Prédication du dimanche 22 mai - à partir d'une tente scoute...



Une tente scout au milieu du temple ! J'ai saisi l'occasion des 10 ans du scoutisme protestant à Béziers pour donner à voir une prédication matérialisée.
Quand les Eclaireuses et Eclaireurs m'ont dit qu'ils voulaient monter cette tente dans la cour, je leur ai demandé de la monter au milieu du temple. Car cette tente peut être pouvons nous entendre un discours symbolique, pour nous chrétien, un discours qui nous parle non pas des 10 ans du scoutisme à Béziers – vous avez pour ça la très belle exposition. Mais cette tente scoute nous parle, à nous chrétien, de Dieu. Oui cette tente scout est une prédication a elle toute seule, c'est une parabole.

Cette tente est une prédication matérialisée, une tente comme une parabole – la parabole c'est une image qui veut dire plus qu'elle-même, une parabole c'est une petite histoire dont la définition parle encore aujourd'hui. Aussi, avant d'entendre cette parabole de la tente, je vous invite à ouvrir le texte biblique.
Pour donner le sens de cette parabole – je vous invite à entendre dans le livre de l'Exode, au chap. 26 :


1Tu feras la Demeure de dix toiles de fin lin retors, de pourpre violette et rouge et d'écarlate, avec des keroubim ; ce sera un ouvrage d'artisan. 2La longueur de chaque toile sera de vingt-huit coudées, la largeur de chaque toile sera de quatre coudées ; la mesure sera la même pour toutes les toiles. 3Cinq toiles seront attachées l'une à l'autre ; les cinq autres toiles seront aussi attachées l'une à l'autre. 4Tu feras des lacets de pourpre violette au bord de la première toile, à l'extrémité de l'assemblage ; tu feras de même au bord de la toile à l'extrémité du second assemblage. 5Tu feras cinquante lacets à la première toile, et tu feras cinquante lacets au bord de la toile à l'extrémité du second assemblage ; ces lacets correspondront les uns aux autres. 6Tu feras cinquante agrafes d'or et tu attacheras les toiles l'une à l'autre avec ces agrafes. Ainsi la Demeure formera un tout.

7Tu feras des toiles de poil de chèvre qui constitueront une tente au-dessus de la Demeure ; tu feras onze toiles. 8La longueur de chaque toile sera de trente coudées, la largeur de chaque toile sera de quatre coudées ; la mesure sera la même pour les onze toiles. 9Tu attacheras séparément cinq toiles, et les six autres toiles séparément ; tu doubleras la sixième toile vers le devant de la tente. 10Tu feras cinquante lacets au bord de la première toile, à l'extrémité du premier assemblage, et cinquante lacets au bord de la toile du second assemblage. 11Tu feras cinquante agrafes de bronze, et tu introduiras ces agrafes dans les lacets. Tu assembleras ainsi la tente, qui formera un tout. 12Les toiles de la tente auront un surplus d'une demi-toile qui retombera à l'arrière de la Demeure. 13La coudée que les toiles de la tente auront en surplus de part et d'autre, dans le sens de la longueur, retombera sur les deux côtés de la Demeure, pour la couvrir.

14Tu feras pour la tente une couverture en peau de bélier teinte en rouge, et une couverture en peau de dauphin par-dessus.


Cette tente scout au milieu du temple, nous rappelle que la tente a été en premier l'espace de la rencontre de Dieu avec son peuple, l'espace du sacré dans lequel Dieu se tenait au milieu de son peuple.
Le livre de l'Exode parle d'ailleurs d'une tente de la rencontre dans certains passages.

Avec ce livre de l'Exode, rappelons-nous le, nous sommes au cœur du désert – au moment de l'événement fondateur de la relation de Dieu avec son peuple. Lors de la sortie d'Egypte – et évoquer l'Egypte aujourd'hui après la catastrophe aérienne ou l'attentat ; évoquer l'Egypte prend forcément la tournure d'une prière pour les familles des victimes.

L'Exode c'est la sortie d'Egypte. Cette marche au désert c'est une sortie de la terre de l'esclavage, Il s’agit de marcher vers la terre promise, vers la liberté, vers le bonheur.

Baden Powell disait : « Dieu nous a placé dans ce monde pour y être heureux et jouir de la vie »

Marche vers le bonheur et vers la liberté, mais l’Exode est aussi une sortie de l’idolatrie.
Oui je crois qu'en premier lieu, quand on lit les consignes et les dimensions de la tente que l’Éternel souhaite, je crois qu'il faut se souvenir des dimensions énormes et du faste des temples égyptiens. Des temples faits de pierre, avec sculpture et peinture, pour avoir pu visiter ce qui en reste, les quelques ruines qui subsistent sont à elles seules monumentales. Dans l'Egypte antique, les temples sont des ensembles monumentaux, des villes, presque. Les temples couvrent des hectares et des hectares – pour prendre l'exemple du temple de Karnak près de Louxor couvre à lui seul 30 hectares. Et ce temple était relié par une allée de 2 km a un autre ensemble cultuel, une allée bordée de sphynx.

30 hectares, des allées de 2 km – forcément la tente ça fait beaucoup plus simple que ces constructions. Une simplicité au contraste saisissant. Une simplicité volontaire de la part de Dieu. Une simplicité volontaire – j'emploie a dessein cette expression qui évoque tout un champ d'engagement aujourd'hui.

Le contraste est saisissant avec une demeure faite de 10 toiles de lin – même si le texte insiste sur les détails d'agrafes d'or ou d'autres bois précieux, nous sommes à des lieux et des lieux de ce qu'a connu le peuple en Egypte. La toile plutot que la pierre, un sanctuaire de 48 m² plutot que des hectares – oui le contraste est saisissant.

Simplicité de la tente. Cette tente au milieu du temple, à la lecture du chapitre 26 du livre de l'Exode ça nous rappelle aussi un choix radical de Dieu. Ce choix c'est celui de s'attacher a un peuple plutôt que de s'attacher a un lieu. L’Éternel Dieu de la Bible n'est pas le Dieu d'un endroit, le Dieu qu'il faudrait adorer toujours dans le même lieu.

Ça aurait pu être le Dieu du Sinaï là où Moïse a reçu les tables de la loi, ça aurait pu être le Dieu de Mâdian, là où le beau père de Moïse était berger. Mais non, la tente nous rappelle que le Dieu de la Bible ne se fixe pas dans la pierre dans un lieu pour toujours, mais qu'il est pour toujours, avec son peuple quelque soit le lieu où il se trouve, même dans les traversée au désert.

La tente est donc une parabole de l'alliance. Le Dieu de Moïse fait alliance avec son peuple par la sortie d'Egypte et il n'a pas d'autre lieu ou vivre que celui que connaît le peuple, tribu errante dans le désert. La tente est alors un symbole de proximité de Dieu – le Dieu de la Bible n'est pas un Dieu que l'on pourrait faire remonter au ciel, mais c'est un Dieu qui marche avec, qui fait chemin avec son peuple.

On peut se souvenir que de cette proximité de Dieu avec son peuple, Jean Calvin en parlait en utilisant le terme d'accomodement. Dieu s'accomode à notre humanité, Dieu est accomodant à notre condition – aujourd'hui on pourrait parler de solidarité : Dieu est solidaire de son peuple

La tente c'est une image de simplicité, une image de proximité-solidarité : Dans le livre de l'Exode Dieu s’accommode à l'errance de son peuple, il choisi d'habiter une tente au milieu de son peuple errant au désert. Enfin troisième portée symbolique à la parabole de cette tente scout dressée au milieu de ce temple. La tente ce n'est toujours que le campement d'un instant. On le sait bien aujourd'hui quand dans un camping on veut rester un plus qu'un court séjour il faut réserver un mobilhome ou bien alors le voyage se fait en camping-car. Mais avec la tente c'est toujours bref.

La tente dit une certaine précarité du fait du mouvement, d'un dynamisme. Un mouvement, un dynamisme qui dit que l'installation est toujours temporaire, qu'il faut toujours savoir se remettre en marche. Le Dieu biblique est toujours un Dieu dynamique, un Dieu du changement, du déplacement. Et par sa proximité et du fait de sa simplicité, Dieu veut entraîner son peuple dans sa dynamique, il nous prend avec Lui dans son changement, il veut nous emporter dans son déplacement

Baden Powell disait : « Rester immobile ne sert à rien. Il faut choisir entre progresser ou régresser. Allons donc de l’avant et le sourire aux lèvres. »

Une tente scout au milieu du temple.
C'est je crois une parabole je crois pour l’Église aujourd'hui. Une parabole de simplicité, de proximité-solidarité et de dynamisme.
Cette parabole de la tente scout nous parle de Dieu, mais elle nous parle aussi de nous.
Oui je crois et même je crains en fait que l’Église ait particulièrement besoin d'entendre toujours cette parabole.

Certes il ne faut pas regretter de ne plus être un peuple errant au désert, comme les tribus des hébreux l'ont été – fuyant l’intolérance égyptienne. Plus proche de nous, on peut remercier l’Éternel de ne plus être poussés dans un autre désert comme l'ont été les protestants à l'époque d'une société intolérante.  On peut remercier Dieu d'être aujourd'hui en capacité de vivre notre foi dans un temple, et dans une certaine installation plus confortable que de simples tentes.

Pour autant il ne faudrait pas se croire arrivés, il ne faudrait pas penser que le monde que nous avons construit est la fin de toute chose. Il ne faudrait pas croire que ce que nous connaissons est le projet de Dieu, ce dont Jésus parlait en terme de Royaume de Dieu.
Nous ne sommes pas arrivés, il nous faut encore être témoin, et donc être un peuple en marche rayonnant de la simplicité de Dieu, de sa proximité solidaire, et de son dynamisme. Dans la marche de l’Église, il faut être fidèle non pas à hier mais à demain, il faut regarder non pas l'histoire que Dieu a tracé, mais l'avenir qu'il ouvre. Nous avons a être des témoins d'espérance dans ce monde.

Etre des témoins d'espérance dans ce monde – c'était le sens du club de l'amitié de ce mardi. Ne pas se croire arrivés, ne pas penser que le monde que nous avons construit est la fin de toute chose – il y a encore un avenir, nous ne sommes prisonniers ni de l'histoire, ni d'une société, ni d'une économie.

Baden Powell disait : « Le bonheur ne vient pas à ceux qui l'attendent assis »

Je parle pour le monde, mais je parle aussi pour l'église. Pour prendre un exemple très concret, alors que nous avons eu cette semaine une balade œcuménique au monastère de la Dalmerie, je crois qu'il ne faut pas se satisfaire d'une célébration ce matin dans ce temple, alors qu'il y en a une autre à 500 m d'une autre église catholique et une autre encore à 800 m d'une autre église évangélique. Je ne crois pas que nos différentses constructions témoignent du projet de Dieu, et je crains même que parfois nos constructions nous empêchent de pouvoir entrer dans la simplicité, la proximité et le dynamisme de Dieu. Mais cet oecuménisme ouvert à l'avenir n'est qu'un exemple – il y en a bien d'autres.

La tente scout une parabole d'espérance et d'un avenir ouvert, toujours à recevoir et encore à construire.
Pour conclure réentendons les trois phrases de Baden Powell qui ont rythmé cette parabole de la tente :

« Dieu nous a placé dans ce monde pour y être heureux et jouir de la vie »

« Rester immobile ne sert à rien. Il faut choisir entre progresser ou régresser. Allons donc de l’avant et le sourire aux lèvres. »

 « Le bonheur ne vient pas à ceux qui l'attendent assis »

Au Christ seul soit la gloire, amen.




 MERCI à l'équipe de la Branche Ainée Unioniste d'avoir été là pour dire les paroles de Badne Powell durant la prédication... 

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