Prédication du dimanche 7 décembre - Michée, chap. 5, 1 à 5

Lecture du livre de Michée, chapitre 5, v. 1 à 5
1Quant à toi, Beth-Léhem Ephrata, toi qui es petite parmi les phratries de Juda, de toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël ; son origine remonte au temps jadis, aux jours d'autrefois.
2C'est pourquoi il les livrera jusqu'au temps où celle qui doit accoucher accouchera ; et le reste de ses frères reviendra auprès des Israélites.
3Il se dressera et les fera paître avec la force du SEIGNEUR, avec la majesté du nom du SEIGNEUR, son Dieu ; et ils s'installeront, car il est dès maintenant glorifié jusqu'aux extrémités de la terre.
4C'est lui qui sera la paix ! Lorsque l'Assyrien viendra dans notre pays et qu'il pénétrera dans nos palais, nous dresserons contre lui sept bergers, huit princes du peuple.
5Ils feront paître l'Assyrie avec l'épée, et le pays de Nemrod avec le glaive.Il nous délivrera ainsi de l'Assyrien, lorsqu'il viendra dans notre pays et qu'il pénétrera sur notre territoire.

Prédication :
1- Il faut être fidèle à l’avenir de Dieu avec nous plus qu’au passé.
Le sens de l'avent que célèbre l’Église chaque année est de nous tourner en confiance vers demain. Le sens de l'avent est bien de se préparer à la joie de vivre dans l'espérance. Par ce temps liturgique, il ne s'agit pas de faire mémoire pieusement d'un événement du passé, ou de contempler mystiquement le surgissement du Christ dans le sein de Marie – non !

Mais il s'agit de se tourner radicalement vers demain pour voir surgir l'événement de Dieu dans le monde. Un événement qui est encore à venir.
C'est le sens de l'avent en ce qu'il inaugure toute l'année de l'église : ouvrir un regard d'espérance et de confiance – et ce regard d'espérance et de confiance nous est donné pour toute notre vie. Il nous faut être fidèle à l'avenir de Dieu avec nous plutôt qu'au passé ou au présent.

Nous devons tenir, nous chrétien à ce présupposé d’une attente à l’avenir, présupposé d’espérance, présupposé de vivre encore l’avant-dernier, car depuis les Ecritures ce présupposé oriente toute la théologie, tout le discours sur Dieu. Aussi, il convient de ne pas croire les prophètes de malheur des extrêmes de tous bords. L’avenir n’est pas sombre. Notre avenir qui repose entre les mains du Père est lumineux

Ainsi la seule parole prophétique vraie revient à parler de Dieu non à partir d’un point du passé, mais à partir d’un avenir qui est entre ses mains.
Le royaume du Christ est devant nous, nous devons être fidèles à cet au-delà plutôt qu’à tout ce qui est de l’ordre du passé. C'est ce dont témoigne une fois de plus le texte prophétique que nous avons entendu, tiré du livre du prophète Michée

2- Au cours du 8ème avant la naissance du Christ, le prophète Michée délivre la parole de l’Éternel aux habitants de Juda, ses contemporains.

Ses contemporains, des hommes et des femmes qui sont dans une terrible situation. Rappelons un peu l'histoire : après les règnes de David et Salomon la terre promise a été divisée en un royaume du nord – Israël et un royaume du sud – Juda. Israël qui avait pour capitale Samarie a été dévasté par les armées Assyriennes – l'empire le plus puissant de l'époque. Un siège de trois ans à mis le pays à feu et à sang – et les survivants ont été emmenés en exil. La capitale est tombée en 721. Les survivants sont alors amenés à pleurer aux bords des fleuves de Babylone quand Michée prend la parole.

Il ne reste donc plus que le royaume de Juda, que convoite l'empire – un empire qui progresse et grignote territoire après territoire, ville après ville. Jérusalem, la capitale du royaume du sud ne résistera plus très longtemps – se soumettant à l'empire pendant un peu plus d'un siècle elle sera prise en 588-587.

Aujourd'hui on peut penser que le prophète Michée parle dans le siècle qui sépare 700 et 587 – une période trouble, une période de soumission, le royaume de Juda n'est plus que le vassal d'une puissance étrangère soumis à ses caprices et à ses tourments.

J'insiste car c'est dans cette tension dramatique que le prophète annonce un roi :
Quant à toi, Béthléem Ephrata, toi qui est petite parmi les phratries, les clans ou les tribus de Juda – de toi sortira pour moi celui qui dominera sur Israël ;

Michée annonce un roi-sauveur. Un roi-sauveur qui surgira de Béth-léem Ephrata – ville du nord d'Israël – ville qui pour l'heure est totalement soumise à l'empire.

Du coup, vous comprenez que vu le contexte : la parole semble totalement improbable – elle est incroyable en regard de la situation du pays, par rapport à la domination étrangère sur Israël et Juda. Improbable car Béthléem est un territoire totalement dominé, incroyable aussi car ce qui peut bien rester de famille royale pour Israël a été déportée et ne se trouve plus sur ce territoire.

Improbable, incroyable cette parole rappelle quand même un souvenir au peuple élu. La ville de Béthléem est liée de manière définitive avec David, le grand roi David, qui était un Ephratéen. Du coup, cette parole est aussi improbable et incroyable que le choix de Dieu quand il a établi David sur le trône d'Israël. David, petit berger, dernier de sa fratrie, fils de paysan – pourtant le petit berger est devenu le plus grand roi sous le regard de Dieu.

C'est donc par rapport à cette histoire que Michée, dans une situation terrible annonce le surgissement d'un roi, sauveur, et berger, en un mot – le surgissement du Messie, du Christ.

Michée emploi ici l'image du berger – cette image dit le rassemblement du peuple comme celui d'un troupeau dispersé, elle dit le soin que le berger donne à chacune de ses bêtes, l'attention qu'il leur porte, la vigilance et la protection face au danger éventuel.

Cette image du berger, nous le savons tous, est une des images de Dieu que déploient les Ecritures pour parler de l’Éternel, depuis le psaume 23

Ce psaume dit la présence accompagnante de Dieu, rassurante. Et ce psaume dit surtout que le chemin que l'on emprunte – quelqu'il soit – est connu de Dieu. Nous ne sommes pas laissés à l'abandon mais nous sommes accompagnés, guidés, dirigés.
Cette image de Dieu ne doit pas être un absolu, comme aucune image, mais elle dit quelque chose d'un Dieu présent et qui nous accompagne.

Quand je disais qu'aujourd'hui, par ce temps de l'avent il s'agit de se tourner radicalement vers demain pour voir surgir l'événement de Dieu dans le monde. Un événement qui est encore à venir.
Quand je disais qu'il s'agit d'ouvrir un regard d'espérance et de confiance donné pour toute notre vie. Il nous faut être fidèle à l'avenir de Dieu avec nous plutôt qu'au passé ou au présent.
C'est bien que Dieu marche avec nous, que le chemin lui est connu – qu'il traverse de vertes pâtures ou des vallées obscures.

La figure du berger vient donc dire une certaine tendresse vigilante de Dieu à notre égard, quand bien même nous avons du mal à nous reconnaître moutons au milieu du troupeau – quand bien même il s'agit de jolis agneau. Mais l'image de berger ne parle pas de nous, elle parle de Dieu pour le psaume 23 ; elle parle du Messie, du roi-sauveur pour le prophète Michée.

Oui, l'image du berger permet de dire à Michée la tendresse et la puissance du Messie – deux choses qui semblent sinon contradictoire du moins, bien souvent opposée. Tendresse et puissance, attention et pouvoir, écoute et parole adressée. Cette tendresse vigilante le prophète Michée en parle en terme de domination de paix.

Etre dominé par la paix – rappelons nous que la paix en hébreu, ce n'est pas seulement la paix qui s'oppose à la guerre, c'est la paix intérieure, la paix totale ; la paix que l'on pourrait traduire aujourd'hui par le bonheur.

Ce qu'annonce le prophète Michée c'est donc le surgissement dans la ville de David, d'un roi-messie, d'un berger-sauveur qui vient pour le bonheur et la paix du monde.
Au plein cœur de la tourmente, de la guerre, de l'exil, et de toutes les horeurs qui vont avec dans le millénaire qui précède la naissance du Christ, le prophète annonce l'avenir

Car oui la seule parole prophétique vraie revient à parler de Dieu non à partir d’un point du passé, mais à partir d’un avenir qui est entre ses mains. Et donc de risquer la confiance, de risquer l'espérance.

Le royaume du Christ est devant nous, nous devons être fidèles à cet au-delà plutôt qu’à tout ce qui est de l’ordre du passé. C'est ce dont témoigne une fois de plus le texte prophétique que nous avons entendu, tiré du livre du prophète Michée.
Dans notre marche vers Noël que cette espérance, ce dynamisme de la confiance, cette ouverture à demain avec Dieu, vienne faire sauter tous les verrous de nos peurs, toutes les chaînes de nos angoisses, tout ce qui nous empêche de vivre de la liberté des enfants de Dieu.

Dieu prend parti pour nos chacune de nos vies - aussi sombres ou lumineuses soit elles – elles peuvent toutes être au bénéfice de la bonne nouvelle : espérance, confiance, ouverture et liberté que ces mots et beaucoup d'autres encore, sans doute, nous permettent de pouvoir vivre la paix donnée en Christ, et de pouvoir en témoigner. Amen

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