Prédication du dimanche 21 septembre - Livre du prophète Esaïe, chap. 55

Au livre du prophète Esaïe, le chapitre 55:
 
O vous tous qui êtes assoiffés, venez vers les eaux,
même celui qui n’a pas d’argent, venez !
Demandez du grain, et mangez ; venez et buvez !
– sans argent, sans paiement – du vin et du lait.
A quoi bon dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas,
votre labeur pour ce qui ne rassasie pas ?
Ecoutez donc, écoutez-moi, et mangez ce qui est bon ;
que vous trouviez votre jouissance dans des mets savoureux :
3tendez l’oreille, venez vers moi,
écoutez et vous vivrez.
Je conclurai avec vous une alliance perpétuelle,
oui, je maintiendrai les bienfaits de David.
Voici : j’avais fait de lui un témoin pour les clans,un chef et une autorité pour les populations.
Voici : une nation que tu ne connais pas, tu l’appelleras,
et une nation qui ne te connaît pas courra vers toi, du fait que l'Eternel est ton Dieu,
oui, à cause du Saint d’Israël, qui t’a donné sa splendeur.
Recherchez l'Eternel puisqu’il se laisse trouver, appelez-le, puisqu’il est proche.
Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme malfaisant, ses pensées.
Qu’il retourne vers l'Eternel, qui lui manifestera sa tendresse,
vers notre Dieu, qui pardonne abondamment.
C’est que vos pensées ne sont pas mes pensées et mes chemins ne sont pas vos chemins – oracle de l'Eternel
C’est que les cieux sont hauts, par rapport à la terre :
ainsi mes chemins sont hauts, par rapport à vos chemins, et mes pensées, par rapport à vos pensées.
C’est que, comme descend la pluie ou la neige, du haut des cieux, et comme elle ne retourne pas là-haut
sans avoir saturé la terre, sans l’avoir fait enfanter et bourgeonner, sans avoir donné semence au semeur
et nourriture à celui qui mange, ainsi se comporte ma parole
du moment qu’elle sort de ma bouche : elle ne retourne pas vers moi sans résultat,
sans avoir exécuté ce qui me plaît et fait aboutir ce pour quoi je l’avais envoyée.
C’est en effet dans la jubilation que vous sortirez, et dans la paix que vous serez entraînés.
Sur votre passage, montagnes et collines exploseront en acclamations,
et tous les arbres de la campagne battront des mains.
Au lieu de la ronce croîtra le genévrier, au lieu de l’ortie croîtra le myrte,
cela constituera pour l'Eternel une renommée, un signe perpétuel qui ne sera jamais retranché.

Si Dieu existait ça se saurait ! Non ?
Imaginez un instant, si Dieu existait plus de souci, plus de mal, plus de souffrance
Si Dieu existait plus de crise non plus !

Hop, une petite prière et nous serions plus performant : plus performant au travail, plus performant au collège ou au lycée – une petite prière et hop, 20/20 de moyenne pour tout ceux qui sont encore à l'école, et hop plus de soucis de santé pour personne, plus de guerre au près comme au loin, et puis plus d'intempéries comme cette semaine à lamalou les bains ou dans le gard ; mais un beau soleil toute l'année pour profiter de la plage...

Oui vraiment, si Dieu existait ça se saurait, il n'y aurait plus de mort non plus. L'Eternité nous serait accessible par quelques exercices de piété

Bein oui, si Dieu existait, ça se saurait !
Du moins si le Dieu que l'on fantasme existait, si le Dieu dont on rêve existait. Un Dieu qui serait à notre image, plutôt qu'un Dieu à l'image duquel nous serions faits. Un Dieu qui répondrait à tous nos désirs, nous propulsant à la place de la toute-puissance.

Nous pourrions tout faire, tout vouloir, dessiner le monde à notre image, ne plus rien affronter – ni souffrance, ni deuil – et d'ailleurs si Dieu existait pourquoi devrions nous travailler ? Pourquoi devrions nous étudier, gagner notre vie ? Dieu ne pourrait il y pourvoir par ses bienfaits

Oui, vraiment, si Dieu existait ça se saurait, ça nous ferait du bien, et nous serions pénard. Je parle pour les croyants, parce qu'alors pour les autres... pas de bol ! Mais ceci ne nous regarde pas...


Contrairement aux apparence je ne suis pas entrain de vous faire une prédication de comptoir, digne du bistrot d'à côté, bein non.
Non, ce disant, et vous l'avez sans doute bien compris, je conteste la définition de Dieu que la plupart des philosophes s'est dessiné, notamment au moment des lumières, à la suite de Descartes.
Descartes écrivait au cœur de sa troisième méditation : « Par le nom de Dieu j'entends une substance infinie, éternelle, immuable, indépendante, toute connaissante, toute-puissante, et par laquelle moi-même et toutes les autres choses qui sont ont été créées et produites ». fin de citation.

Or ce Dieu là, ce Dieu de Descartes, ce Dieu n'existe pas ou du moins ce n'est pas le Dieu de la Bible, ce Dieu là, ce n'est pas l'Eternel révélé dans les Ecritures, qui a parlé par Moïse et les prophètes, l’Éternel dont le peuple Juif est le témoin, le Dieu qui s'est incarné en son Christ, Jésus de Nazareth pour nous dire une parole d'amour. Ce dieu là, le dieu de Descartes et le dieu du bistrot, celui que j'invoque chaque fois que je dis « qu'est-ce que j'ai fait au bon dieu pour mériter ça », le dieu du destin et de la fatalité, ce dieu là n'est pas le Dieu de la Bible

Le prophète Esaïe le dit clairement : « mes pensées ne sont pas vos pensées, mes voies ne sont pas vos voies, oracle de l’Éternel » nous ne pouvons pas définir Dieu en l'enfermant dans nos catégories, dans nos définitions – nul pas même Descartes dans ses très belles méditations peut faire le tour de Dieu avec nos petits mots. Dès que nous pensons savoir qui est Dieu, il nous échappe pour être autre.

En théologie classique, on parle du Deus absconditus, ça fait toujours bien de parler latin, le Deus absconditus c'est le Dieu caché – le Dieu que toutes les traditions monothéistes connaissent – un Dieu qui garde ses distances. Luther en parlait aussi comme étant le Deus nudus le Dieu nu.

Ainsi de manière contemporaine le théologien Paul Tillich parlait du Dieu au-dessus de Dieu, c'est à dire que Dieu est toujours au-delà de l'idée que nous en avons, du langage qui en parle, des cérémonies qui le célèbre ou encore du nom par lequel nous l'appelons. Tout ça le nom, le langage, nos cultes et nos prières habillent le Dieu nu qui demeure inaccessible. D'ailleurs, sur cette question du nom, les monothéismes se retrouvent : Le centième nom de Dieu n'est-il pas inaccessible aux hommes en Islam ? Le vrai nom de l’Éternel n'est il pas imprononçable pour le judaïsme ?

Connaissez vous l'histoire des aveugles et de l'éléphant ?
Un village est habité par des aveugles. Un jour, un roi décide de le visité monter sur un éléphant. Comme c'est un animal inconnu dans ce pays, les aveugles s'interrogent : qu'est-ce qu'un éléphant ? Du coup quand le roi arrive, tout le monde veut toucher l'éléphant, à défaut de le voir.
Un aveugle touche la trompe de l'éléphant,
Un deuxième caresse ses oreilles,
Un troisième touche une de ses pattes,
Et devant ce mouvement, le roi autorise même un cinquième aveugle à monter sur le dos de l'éléphant.

Une fois le roi et l'éléphant parti, on ne parle que de l'éléphant. Qu'est-ce donc qu'un éléphant ?
  • C'est un grand tuyau rempli de force dit celui qui a touché la trompe
  • Mais non, c'est comme une toile de tente qui bouge dit celui qui a touché l'oreille
  • Pas du tout dit le troisième c'est bien plus comme un tronc d'arbre recouvert de peau, il avait touché une patte,
  • et le quatrième s'énerve en disant que non, c'est une montagne qui bouge sur laquelle on peut s’asseoir.
    Qu'est-ce qu'un éléphant ? Un peu tout ça... et pour tant rien de tout ça, l'éléphant a échappé aux aveugles.

De la même manière Dieu nous échappe, il est un intouchable, inaccessible entant qu'il est Dieu – et bien qu'ayant parlé d'éléphant, je ne parle pas de Ganesh, mais bien de ce dieu caché qu'annonce Esaïe qui est aussi le Dieu qui se révèle, le Deus revelatus, le Dieu qui se penche sur notre humanité, le Dieu qui envoie sa parole, une parole qui descend sur terre comme la pluie descend du ciel. Une parole qui est volonté, commandement, ordre et structure offerts au monde. Une parole qui veut la vie du monde :

« C’est que, comme descend la pluie ou la neige, du haut des cieux,
et comme elle ne retourne pas là-haut sans avoir saturé la terre,
sans l’avoir fait enfanter et bourgeonner,
sans avoir donné semence au semeur et nourriture à celui qui mange »

C'est bien parce que ce texte dit à la fois le Dieu caché et le Dieu révélé, que le prophète peut avoir une parole qui semble contradictoire. Il invite à la conversion dans une proximité à Dieu « tournez vous vers l’Éternel pendant qu'il est proche » ; autant qu'un lâcher prise pour celui qui veut enfermer Dieu dans une définition : « les cieux soient hauts par rapport à la terre ».

Conversion et lacher-prise ; se mettre en présence de l'absence de Dieu, pour entendre une parole, une parole qui donne la vie ; une parole dont nous avons terriblement besoin.

Non seulement Dieu existe, mais en plus nous en avons besoin ; nous sommes en manque de Dieu.
Le pasteur Alain Houziaux dans un petit livre prenait l'image de la personne asthmatique pour faire comprendre cette relation entre Dieu et les hommes. Il écrivait :
« Nous réclamons Dieu comme un asthmatique réclame de l'oxygène. C'est justement parce qu'il est en manque d'oxygène qu'il considère que l'oxygène a pour lui une vertu toute-puissante. C'est justement parce que nous étouffons sans Dieu que nous le réclamons comme Tout-puissant. Si nous ne manquions pas de Dieu, nous ne l'appellerions pas le Tout-puissant. Si Dieu était présent, omniprésent, nous ne l'appellerions pas le Tout-puissant. C'est justement parce qu'il est pour nous la Vie, la Lumière, le Souffle dont nous manquons que nous l'appelons notre Salut notre Grâce, notre Résurrection »

Ce Dieu dont nous manquons existe et ça ne se sait pas assez.
Non pas le dieu de nos désirs, de nos envies, de nos volontés toutes-puissantes, non pas ce dieu là qui n'est bien souvent qu'une projection de la contre-image de nos vies.

Ce Dieu dont manquons existe, ça ne se sait pas assez, ce Dieu, le Christ Jésus en a été le témoins. L'évangéliste Jean nous le dit : « Personne n'a jamais vu Dieu ; le Fils unique qui est dans le sein du Père nous l'a dévoilé » (Jn. 1, 18) . Ce Dieu dont nous manquons existe, Dieu proche de nous qui veut être l'élan de nos vies. C'est dans la rencontre de la foi, là où le Christ et l'homme nouent une relation d'amour, que l’Éternel se révèle.

Nous sommes tous des assoiffés et des affamés de Dieu, pour le dire avec les mots du prophète Esaïe :
« O vous tous qui êtes assoiffés, venez vers les eaux,
même celui qui n’a pas d’argent, venez !
Demandez du grain, et mangez ; venez et buvez !
– sans argent, sans paiement – du vin et du lait. »

Ce Dieu dont nous manquons existe, non pas en puissance et tambour, mais il existe comme comme un Père qui nous attend, qui nous attend sur le seuil de la maison ; un père aux bras ouverts attend le retour de l'enfant. Ce Dieu existe et il nous attend comme chaque matins les sommets des colines attendent l'aurore. Venue après la nuit, la lumière brille sur les ombres de nos vies. Ce Dieu nous attends comme un souffle à l'ombre des arbres mettant la nature en mouvement. Il nous attend pour nous rassasier, pour nous donner le boire et le manger, pour nous réconcilier avec ses projets de vie et de paix, il nous attend pour être le dynamisme de nos vies, il nous attend pour nous donner à entrer dans la transformation du monde dans son royaume.

Aussi, je tiens à dire que je suis heureux d'arriver ici à Béziers pour désigner avec vous, en église et au-delà ce Dieu qui nous attend, ce Dieu qui existe et dont nous manquons. Désigner avec vous ce Dieu et distinguer malgré tout ses bénédictions. Etre malgré les ombres ambiantes et malgré tout, des témoins de la lumière.

Malgré tout, car c'est vrai : le Dieu dont témoigne les Ecritures, ce Dieu qui nous attend ne nous donne pas d'être plus performant au travail, il ne nous garantie pas des résultats scolaires au-dessus de la moyenne, il n'est pas même une assurance santé qui nous mettrait à l’abri des pépins de santé ou des maladies les plus graves. Le Christ ne disait il pas qu'il pleut autant sur les justes que sur les injustes. Le Christ lui même n'a-t-il pas traversé les heures les plus sombres. Malgré tout, car le Dieu des Ecritures n'est pas une assurances qui nous mettrait à l'abris des risques de la vie.

Bien au contraire, il nous invite risquer la vie témoins d'une espérance forte ; dans la liberté et dans l'amour. Pour dire une parole malgré tout, une parole qui ne revient pas à Dieu sans avoir produit du fruit : nous sommes invités à être des porteurs de bénédictions.

Si Dieu existait ça se saurait... A nous de faire connaître l’Éternel des Ecritures, le Père du Christ Jésus comme le Dieu qui nous envoie pour bénir le monde, malgré tout et malgré lui surtout. Le Dieu qui fais de nous des porteurs de paroles, des prophètes d'Espérance, des témoins d'amour. Nous sommes invités à éclairer ensemble, le vécu humain de la foi en Dieu. Etre porteur de conviction pour dire la bonne nouvelle chrétienne.

L'avenir n'est pas sombre. Il est entre les mains de Dieu.
Nous pouvons risquer la confiance, faire le pari de l'Espérance.
Pour la seule gloire du christ. Amen.

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