Prédication du dimanche 21 décembre - Sophonie chapitre 3, v. 14 à 20



Lecture du livre de Sophonie, chapitre 3

14Pousse des cris de joie, Sion la belle !
Lance des acclamations, Israël !
Réjouis-toi, exulte de tout ton cœur, Jérusalem la belle !
15Le SEIGNEUR a écarté de toi les jugements,
il a détourné ton ennemi ;
le roi d'Israël, le SEIGNEUR, est en ton sein ;
tu n'as plus de malheur à craindre.
16En ce jour-là, on dira à Jérusalem :
N'aie pas peur, Sion,
ne perds pas courage !
17En ton sein, le SEIGNEUR, ton Dieu, est un héros sauveur ;
il fera de toi sa plus grande joie ;
il gardera le silence dans son amour ;
il poussera des cris d'allégresse à ton sujet.
18Je recueillerai ceux qui sont dans le chagrin, loin des rencontres festives,
ceux qui sont restés loin de toi,
sur qui le déshonneur pesait comme un fardeau.
19En ce temps-là,
j'agirai contre tous ceux qui t'affligent ;
je sauverai ce qui boite,
je rassemblerai ce qui était banni.
Je ferai d'eux une louange et un nom
sur toute la terre où ils ont honte.
20En ce temps-là, je vous ramènerai,
en ce temps je vous rassemblerai ;
car je ferai de vous un nom et une louange
parmi tous les peuples de la terre,
lorsque sous vos yeux je rétablirai votre situation,
dit le SEIGNEUR.


Prédication :
Cette semaine la préparation de la fête de Noël a été particulièrement troublée Noël fête laïque de l’enfance en a pris un coup du fait de quelques barbares au fin fond du pakistan.

Oui je crois que l’attaque de l’école de Peshaware, le massacre de 130 enfants ne peut, en cette saison, pour nous chrétiens qui fréquentons les Ecritures, que nous ramener au massacre des saints innocents. Cette page terrible de l’évangile selon Matthieu qui pousse la petite famille : Joseph, Marie et Jésus à fuir en Egypte, et qui entraine la mort de tous les nouveaux nés autour de Béthléem.

Cette page terrible est restée dans l’histoire comme le massacre des saints innocents. Mais il y a une différence de taille entre ce massacre d’enfants et celui dont les médias nous ont rendu témoins cette semaine : quand Hérode massacrait les enfants il y a 2000 ans il ne le faisait pas au nom de Dieu, mais il assumait son geste froidement pour assurer l’hégémonie de son pouvoir. Dieu n’était pas instrumentalisé à l’époque, alors qu’il l’est bien souvent aujourd’hui.

Oui nous vivons dans un monde où Dieu est absent et quand il est présent c’est pour être manipulé.
Cette affirmation, au-delà des influences d’une philosophie nietzschéenne, par-delà les concepts mis en place des théologies de la mort de Dieu, est pour moi avant tout une manière de dire que Dieu n’a plus la place qu’il avait il y a 2000 ans lors de la naissance de Jésus, mais ne serait-ce aussi qu’il y a cinquante ans.

Pour notre monde, particulièrement pour notre société, et plus singulièrement encore en France avec le régime de laïcité, Dieu n’est plus une référence obligée, il est même quasi absent.
Et quand il est présent, Dieu est manipulé, mis à la solde d'un pouvoir humain, utilisé comme une caution morale ou  comme référence culturelle – mais il n'est pas reconnu comme Dieu.

Oui, quand il est présent, c’est pour être instrumentalisé.
Bref Dieu est absent du monde, et quand il ne l’est pas, c’est qu’il est utilisé par les uns ou  les autres à des fins peu religieuses, politiques voire guerrières.

Cela est vrai pour notre société et cela est vrai aussi pour chacune de nos vies.
Pour ne prendre qu’un simple exemple, il faut se souvenir qu’il n’y a ne serait-ce que cinquante ans, il était impensable d’appartenir à une communauté chrétienne et de ne pas se rendre au culte ou à la messe le dimanche matin.
Aujourd’hui l’on peut se revendiquer pleinement chrétien, vivre pleinement une vie de foi, sans avoir l’obligation de franchir les murs d’une église ou d’un temple chaque semaine.

Alors, je ne pose pas ici de jugement moral, mais il s'agit bien plus de prendre conscience de ce changement, c’est ainsi. Dieu n’est plus une référence obligée dans la vie d’aujourd’hui, et ce qui était vécu comme la proximité avec Dieu, le temps de culte, la pratique religieuse a changé, et elle change encore.

2- Et pourtant malgré cette évolution du monde, cette évolution de nos comportements, l’idée du jugement de Dieu reste ancrée dans notre inconscient. De manière forte, même : en dépit de cette évolution du monde, comme de nos pratiques religieuses, l’idée d’un jugement final est bien souvent une image qui perdure malgré tout.

Alors bien sûr cette idée ou cette image n’est pas la même pour tout le monde, selon les références de chacun.

Je prendrai deux images opposées l’une à l’autre qui disent ce jugement Pour les uns, les classiques, cela ressemble aux plafonds de la chapelle Sixtine, une peinture d’un joli bleu avec des anges à droites, au milieu Dieu qui fait le tri entre les siens – ceux qui ont fait le bien – et les autres – ceux qui ont fait le mal – qui se retrouvent entre les griffes du diable dans le coin gauche ou le bleu du ciel est devenu le rouge des enfers.  Ces peintures de la renaissance, devenues aujourd’hui des peintures romantiques, sont des images qui perdures chez certains.

Pour les autres, le jugement final, cela ressemble à ce que l’on peut voir dans des films catastrophes tels que terminator ou apocalypse now. Des films ou les fléaux et les catastrophes dus au mal tombent sur la terre, et recouvrent le monde de noirceur et de destruction. Mais un ou quelques heros qui eux, sont du côté du bien, vont sauver la planète ou du moins lui permettre de survivre jusqu’au prochain épisode...

Bref, dans ces images, que ce soient celles de la chapelle sixtine ou de terminator et d’apocalypse now, comme dans bien d’autres, le jugement est compris comme une séparation, entre le bien d’un côté et le mal de l’autre.
Séparation, entre ceux qui font le bien et ceux qui font le mal.

Or si je vous parle du jugement de Dieu, c’est qu'il s’agit du thème du texte du prophète Sophonie que nous avons entendu. Dieu qui détourne le jugement des ennemis du peuple élu  pour susciter au sein du peuple, un héros sauveur.
Alors désolé, pour les fans de Michelange il n’y a pas d’ange, et, pour les fans de terminator, il n’y a pas non plus de zombi destructeur.

Non, le prophète parle des hommes et il parle du monde que nous connaissons. Sans autre fioriture.   Il parle de la présence de Dieu au cœur du monde, d'une parole qui restitue la dignité aux hommes et aux femmes, qui restaure la vie. Et surtout il parle de joie.

Au sujet des hommes, Sophonie écrit : « Je sauverai ce qui boite, je rassemblerai ce qui était banni, je ferai d'eux une louange et un nom sur toute la terre »
Au sujet du peuple, il parle de rassemblement et de restauration : « je rétablirai votre situation dit l'Eternel »

Que ce soit au niveau des hommes comme au niveau du peuple  on entend bien que le jugement n’a rien à voir avec une séparation entre le bien et le mal. Michel Angelo ou les réalisateur américains ont tout faux.
Le jugement que Dieu pose sur le monde n’est pas une séparation entre les uns et les autres. Bien plus ce jugement est une transformation, une transformation des hommes et du monde.
Une transformation qui est guérison des souffrances de l’humain.
Un changement qui est régénérescence du peuple
Une transformation, un changement qui est suscité par la présence de L’Éternel au sein du peuple
Le jugement de Dieu est une transformation pour ancrer la joie dans nos cœurs.

Dire le jugement de Dieu, c’est dire son pouvoir de transformation malgré tout ce que nous pouvons vivre aujourd’hui, un pouvoir qui guérit l’humain et qui apaise le monde.
Toute la difficulté étant, j’en conviens, de percevoir ce pouvoir de transformation. Il est loin, c’est vrai, d’être évident de voir Dieu à l’œuvre dans le monde et dans nos vies.

3- « Pousse des cries de joie, Sion la Belle ! Lance des acclamations, Israël ! »
J'avoue que parler de joie, d'acclamation et de louange aujourd'hui a comme quelque chose de surréaliste ou d'indécent, comme un goût d'amertume : on ne peut pas, comme innocemment, tourner nos regards vers Noël en oubliant la souffrance commise au nom de Dieu. On ne peut pas célébrer la naissance d’un enfant en Palestine il y a 2000 ans en fermant les yeux sur les enfants massacrés aujourd’hui encore dans le monde

Cette joie, cette louange rejoint pourtant le plaisir de Dieu à Noël. Oui, la semaine dernière nous entendions déjà le message des anges aux bergers : « Paix sur la terre aux hommes parmi lesquels Dieu prend plaisir »

Je crois que cette parole est vraie, qu’elle dit une vérité de nos vies, elle est vraie pour chacun d’entre nous : Dieu nous aime et nous veut heureux.
Pourtant, cette parole n’est pas toujours évidente à entendre,
et bien des jours il est difficile de percevoir l’amour de Dieu dans nos vies, l'amour de Dieu à l'oeuvre dans le monde – cette joie nouvelle que Sophonie, le prophète nous invite à porter.

Que ce soient par nos difficultés où celles de nos proches, la maladie ou le deuil, la dépression, les angoisses dues au travail ou à l’absence de travail, les peurs multiples, et la liste est longue.
Mais malgré cette réalité de nos vies souvent dure.
Je crois que la parole posée à Noël est vraie. Une parole qui est un jugement pour la transformation du monde en joie.

Dieu met en nous toute sa joie, il veut prendre plaisir en nos vies : 
Une fois encore ça ne veut pas dire ne veut pas dire que nous sommes protégés des heurs et malheurs de la vie, il ne s’agit pas d’une  assurance vie, ou d’une garantie. Ce n’est pas même un vaccin qui éviterait certains désagréments. Non.
Dieu met en nous toute sa joie, il veut prendre plaisir en nos vies, cette parole est vraie dans le sens où malgré tout, Dieu reste disponible pour nous. Et il est lui le lieu où nous pouvons trouver la joie, sans condition, malgré tout ce que nous pouvons traverser. Alors Noël a encore un sens malgré le massacre d’enfants.

Dire le jugement de Dieu sur nos vies, c’est dire que nous sommes tous appelés à trouver cette joie, malgré tout :
A quelques jours de Noël se rappeler de cette bénédiction dont découle tout l'évangile – Dieu se lie à notre humanité pour nous dire du bien, il dit le bien auquel nous sommes appelés, auquel le monde est appelé, malgré tout. Malgré l’humain, malgré toutes ses tentations au jugement, à la violence et à la mort.
Dire le bien auquel nous sommes appelés : Tel est le seul, l’unique, jugement de Dieu rapporté dans l’Ecriture. Un jugement qui appelle à la confiance et au courage.

Le reste, que ce soit la chapelle sixtine ou les films terminators ou apocalypse now ne sont que les fruits de notre imagination, de notre angoisse.
Mais malgré cette angoisse, il faut tenir bon et rappeler cette bénédiction première.
Le jugement de Dieu est de l'ordre d'un babillement d'enfant dans une crèche d'herbe, un don d'amour, un jaillissement de paix.

Aussi c’est à nous église de savoir porter, pour cet enfant, comme pour tous les autres enfants du monde, pour chacun, de savoir porter cette parole de paix d’amour et de joie.
Oui L’Éternel fait de nous sa plus grande joie,  que nous sachions entrer dans sa paix, dès ce jours.
A lui seul soit la gloire. Amen

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