Une tente scout au milieu du
temple ! J'ai saisi l'occasion des 10
ans du scoutisme protestant à Béziers pour donner à voir une prédication
matérialisée.
Quand les Eclaireuses et
Eclaireurs m'ont dit qu'ils voulaient monter cette tente dans la cour, je leur
ai demandé de la monter au milieu du temple. Car cette tente peut être pouvons
nous entendre un discours symbolique, pour nous chrétien, un discours qui nous
parle non pas des 10 ans du scoutisme à Béziers – vous avez pour ça la très
belle exposition. Mais cette tente scoute nous parle, à nous chrétien, de Dieu.
Oui cette tente scout est une prédication a elle toute seule, c'est une
parabole.
Cette tente est une
prédication matérialisée, une tente comme une parabole – la parabole c'est une
image qui veut dire plus qu'elle-même, une parabole c'est une petite histoire
dont la définition parle encore aujourd'hui. Aussi, avant d'entendre cette
parabole de la tente, je vous invite à ouvrir le texte biblique.
Pour donner le sens de cette
parabole – je vous invite à entendre dans le livre de l'Exode, au chap. 26 :
1Tu feras la Demeure de dix toiles de fin lin retors, de pourpre violette et rouge et d'écarlate, avec des keroubim ; ce sera un ouvrage d'artisan. 2La longueur de chaque toile sera de vingt-huit coudées, la largeur de chaque toile sera de quatre coudées ; la mesure sera la même pour toutes les toiles. 3Cinq toiles seront attachées l'une à l'autre ; les cinq autres toiles seront aussi attachées l'une à l'autre. 4Tu feras des lacets de pourpre violette au bord de la première toile, à l'extrémité de l'assemblage ; tu feras de même au bord de la toile à l'extrémité du second assemblage. 5Tu feras cinquante lacets à la première toile, et tu feras cinquante lacets au bord de la toile à l'extrémité du second assemblage ; ces lacets correspondront les uns aux autres. 6Tu feras cinquante agrafes d'or et tu attacheras les toiles l'une à l'autre avec ces agrafes. Ainsi la Demeure formera un tout.7Tu feras des toiles de poil de chèvre qui constitueront une tente au-dessus de la Demeure ; tu feras onze toiles. 8La longueur de chaque toile sera de trente coudées, la largeur de chaque toile sera de quatre coudées ; la mesure sera la même pour les onze toiles. 9Tu attacheras séparément cinq toiles, et les six autres toiles séparément ; tu doubleras la sixième toile vers le devant de la tente. 10Tu feras cinquante lacets au bord de la première toile, à l'extrémité du premier assemblage, et cinquante lacets au bord de la toile du second assemblage. 11Tu feras cinquante agrafes de bronze, et tu introduiras ces agrafes dans les lacets. Tu assembleras ainsi la tente, qui formera un tout. 12Les toiles de la tente auront un surplus d'une demi-toile qui retombera à l'arrière de la Demeure. 13La coudée que les toiles de la tente auront en surplus de part et d'autre, dans le sens de la longueur, retombera sur les deux côtés de la Demeure, pour la couvrir.14Tu feras pour la tente une couverture en peau de bélier teinte en rouge, et une couverture en peau de dauphin par-dessus.
Cette tente scout au milieu
du temple, nous rappelle que la tente a été en premier l'espace de la rencontre
de Dieu avec son peuple, l'espace du sacré dans lequel Dieu se tenait au milieu
de son peuple.
Le livre de l'Exode parle
d'ailleurs d'une tente de la rencontre dans certains passages.
Avec ce livre de l'Exode,
rappelons-nous le, nous sommes au cœur du désert – au moment de l'événement
fondateur de la relation de Dieu avec son peuple. Lors de la sortie d'Egypte –
et évoquer l'Egypte aujourd'hui après la catastrophe aérienne ou
l'attentat ; évoquer l'Egypte prend forcément la tournure d'une prière
pour les familles des victimes.
L'Exode c'est la sortie
d'Egypte. Cette marche au désert c'est une sortie de la terre de l'esclavage, Il
s’agit de marcher vers la terre promise, vers la liberté, vers le bonheur.
Baden Powell disait : « Dieu nous a
placé dans ce monde pour y être heureux et jouir de la vie »
Marche vers le bonheur et
vers la liberté, mais l’Exode est aussi une sortie de l’idolatrie.
Oui je crois qu'en premier
lieu, quand on lit les consignes et les dimensions de la tente que l’Éternel
souhaite, je crois qu'il faut se souvenir des dimensions énormes et du faste
des temples égyptiens. Des temples faits de pierre, avec sculpture et peinture,
pour avoir pu visiter ce qui en reste, les quelques ruines qui subsistent sont
à elles seules monumentales. Dans l'Egypte antique, les temples sont des
ensembles monumentaux, des villes, presque. Les temples couvrent des hectares
et des hectares – pour prendre l'exemple du temple de Karnak près de Louxor
couvre à lui seul 30 hectares. Et ce temple était relié par une allée de 2 km a
un autre ensemble cultuel, une allée bordée de sphynx.
30 hectares, des allées de 2
km – forcément la tente ça fait beaucoup plus simple que ces constructions. Une
simplicité au contraste saisissant. Une simplicité volontaire de la part de
Dieu. Une simplicité volontaire – j'emploie a dessein cette expression qui
évoque tout un champ d'engagement aujourd'hui.
Le contraste est saisissant
avec une demeure faite de 10 toiles de lin – même si le texte insiste sur les
détails d'agrafes d'or ou d'autres bois précieux, nous sommes à des lieux et
des lieux de ce qu'a connu le peuple en Egypte. La toile plutot que la pierre,
un sanctuaire de 48 m² plutot que des hectares – oui le contraste est
saisissant.
Simplicité de la tente. Cette
tente au milieu du temple, à la lecture du chapitre 26 du livre de l'Exode ça
nous rappelle aussi un choix radical de Dieu. Ce choix c'est celui de
s'attacher a un peuple plutôt que de s'attacher a un lieu. L’Éternel Dieu de la
Bible n'est pas le Dieu d'un endroit, le Dieu qu'il faudrait adorer toujours
dans le même lieu.
Ça aurait pu être le Dieu du
Sinaï là où Moïse a reçu les tables de la loi, ça aurait pu être le Dieu de
Mâdian, là où le beau père de Moïse était berger. Mais non, la tente nous
rappelle que le Dieu de la Bible ne se fixe pas dans la pierre dans un lieu
pour toujours, mais qu'il est pour toujours, avec son peuple quelque soit le lieu
où il se trouve, même dans les traversée au désert.
La tente est donc une
parabole de l'alliance. Le Dieu de Moïse fait alliance avec son peuple par la
sortie d'Egypte et il n'a pas d'autre lieu ou vivre que celui que connaît le
peuple, tribu errante dans le désert. La tente est alors un symbole de
proximité de Dieu – le Dieu de la Bible n'est pas un Dieu que l'on pourrait
faire remonter au ciel, mais c'est un Dieu qui marche avec, qui fait chemin
avec son peuple.
On peut se souvenir que de
cette proximité de Dieu avec son peuple, Jean Calvin en parlait en utilisant le
terme d'accomodement. Dieu s'accomode à notre humanité, Dieu est accomodant à
notre condition – aujourd'hui on pourrait parler de solidarité : Dieu est
solidaire de son peuple
La tente c'est une image de
simplicité, une image de proximité-solidarité : Dans le livre de l'Exode
Dieu s’accommode à l'errance de son peuple, il choisi d'habiter une tente au
milieu de son peuple errant au désert. Enfin troisième portée symbolique à la
parabole de cette tente scout dressée au milieu de ce temple. La tente ce n'est
toujours que le campement d'un instant. On le sait bien aujourd'hui quand dans
un camping on veut rester un plus qu'un court séjour il faut réserver un
mobilhome ou bien alors le voyage se fait en camping-car. Mais avec la tente
c'est toujours bref.
La tente dit une certaine
précarité du fait du mouvement, d'un dynamisme. Un mouvement, un dynamisme qui
dit que l'installation est toujours temporaire, qu'il faut toujours savoir se
remettre en marche. Le Dieu biblique est toujours un Dieu dynamique, un Dieu du
changement, du déplacement. Et par sa proximité et du fait de sa simplicité,
Dieu veut entraîner son peuple dans sa dynamique, il nous prend avec Lui dans
son changement, il veut nous emporter dans son déplacement
Baden Powell disait : « Rester immobile
ne sert à rien. Il faut choisir entre progresser ou régresser. Allons donc de
l’avant et le sourire aux lèvres. »
Une tente scout au milieu du
temple.
C'est je crois une parabole
je crois pour l’Église aujourd'hui. Une parabole de simplicité, de
proximité-solidarité et de dynamisme.
Cette parabole de la tente
scout nous parle de Dieu, mais elle nous parle aussi de nous.
Oui je crois et même je
crains en fait que l’Église ait particulièrement besoin d'entendre toujours
cette parabole.
Certes il ne faut pas
regretter de ne plus être un peuple errant au désert, comme les tribus des
hébreux l'ont été – fuyant l’intolérance égyptienne. Plus proche de nous, on
peut remercier l’Éternel de ne plus être poussés dans un autre désert comme
l'ont été les protestants à l'époque d'une société intolérante. On peut remercier Dieu d'être aujourd'hui en
capacité de vivre notre foi dans un temple, et dans une certaine installation
plus confortable que de simples tentes.
Pour autant il ne faudrait
pas se croire arrivés, il ne faudrait pas penser que le monde que nous avons
construit est la fin de toute chose. Il ne faudrait pas croire que ce que nous
connaissons est le projet de Dieu, ce dont Jésus parlait en terme de Royaume de
Dieu.
Nous ne sommes pas arrivés,
il nous faut encore être témoin, et donc être un peuple en marche rayonnant de
la simplicité de Dieu, de sa proximité solidaire, et de son dynamisme. Dans la
marche de l’Église, il faut être fidèle non pas à hier mais à demain, il faut
regarder non pas l'histoire que Dieu a tracé, mais l'avenir qu'il ouvre. Nous
avons a être des témoins d'espérance dans ce monde.
Etre des témoins d'espérance
dans ce monde – c'était le sens du club de l'amitié de ce mardi. Ne pas se
croire arrivés, ne pas penser que le monde que nous avons construit est la fin
de toute chose – il y a encore un avenir, nous ne sommes prisonniers ni de
l'histoire, ni d'une société, ni d'une économie.
Baden Powell disait : « Le bonheur ne
vient pas à ceux qui l'attendent assis »
Je parle pour le monde, mais
je parle aussi pour l'église. Pour prendre un exemple très concret, alors que
nous avons eu cette semaine une balade œcuménique au monastère de la Dalmerie,
je crois qu'il ne faut pas se satisfaire d'une célébration ce matin dans ce
temple, alors qu'il y en a une autre à 500 m d'une autre église catholique et
une autre encore à 800 m d'une autre église évangélique. Je ne crois pas que
nos différentses constructions témoignent du projet de Dieu, et je crains même
que parfois nos constructions nous empêchent de pouvoir entrer dans la
simplicité, la proximité et le dynamisme de Dieu. Mais cet oecuménisme ouvert à
l'avenir n'est qu'un exemple – il y en a bien d'autres.
La tente scout une parabole
d'espérance et d'un avenir ouvert, toujours à recevoir et encore à construire.
Pour conclure réentendons les
trois phrases de Baden Powell qui ont rythmé cette parabole de la
tente :
« Dieu nous a placé dans ce
monde pour y être heureux et jouir de la vie »
« Rester immobile ne sert à
rien. Il faut choisir entre progresser ou régresser. Allons donc de l’avant et
le sourire aux lèvres. »
« Le bonheur ne vient pas à ceux qui
l'attendent assis »
Au Christ seul soit la
gloire, amen.
MERCI à l'équipe de la Branche Ainée Unioniste d'avoir été là pour dire les paroles de Badne Powell durant la prédication...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire