Dans un post récent sur ton blog « au nom de Jésus », mon frère, tu t’amuses à tourner en ridicule l’étymologie
du verbe bénir, en renvoyant à l’imaginaire, ou à la création de sens, la
signification de « dire du bien ». Ce faisant, c’est toi qui tourne
au ridicule et qui t’adonne à l’imaginaire : j’en veux pour preuve ce que
dit le dictionnaire Trésor de la langue française –
ouvrage que l'on ne peut soupçonner de prendre parti dans le débat d’église actuel : « Du lat. benedicere + datif « dire
du bien de qqn » (Plaute, dans TLL s.v., 1867, 30) d'où « louer » (Apulée,
ibid., 41) d'où en lat. chrét. « louer Dieu, lui rendre gloire » (Itala, ibid.,
43), puis « répandre ses bienfaits sur qqn (en parlant de Dieu) » » Bénir
c’est donc d’abord, depuis Plaute, dire du bien de quelqu’un et ce n’est que partant
de là que les théologiens ont fait des création de sens : qui est menteur ?
Je te renvoie cette accusation de
mensonge que tu formules, mon frère, d’autant que tu m’opposeras sans doute,
dans la droite ligne de ton article, le livre de la Genèse du moins la lecture qu tu en fais.
Seulement cette lecture est somme toute très partielle et très dangereuse à
vouloir dire « le bien de Dieu ».
En effet, à lire un peu plus que
le chapitre 1 de la genèse, le seul qui dans ce texte biblique, pense que l’homme
et la femme soient appelés à dire le bien du point de vue de Dieu, c’est au chap. 3, le serpent : « Non,
vous ne mourrez pas, mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront
et vous serrez comme des dieux possédant la connaissance du bien (le fameux Tov – de la création) et du mal ». Vouloir dire le bien de Dieu ou vouloir
le connaître, depuis la fausse parole du serpent de la Genèse, même avec une Bible à la main, c’est la
définition du péché.
Le texte biblique nous prévient : nous n’avons pas à nous prendre pour Dieu ! Même
quand nous bénissons en son nom, nous ne sommes pas Lui ! Quand bien même nous soyons créé à l'image de Dieu - la bénédiction est de l'ordre d'une parole pas d'une image... Et même en faisant un peu de théologie à partir
de ce chapitre 1 de la Genèse, l’argument de
l’imago dei ne tient pas – l’image du Dieu vivant n’est pas plus comme tu l'écris dans l’humain
différencié sexuellement qu'en Christ ;
là où il n’y a plus l’homme et la femme et où prévaut le statut d’enfants de
Dieu.
Alors finalement, la conclusion
de ton article est bien gentille – dans la droite ligne de la théologie
morale catholique avec de belles images et peu de parole - mais pour ma part, je ne pense pas que les unions
bénies par l’Église viennent "d’avant l’humain", et iront "après elles" ; je
ne pense pas "qu’elles tiennent à la beauté et à la bonté de Dieu" ce n'est écrit nul part dans le texte biblique et... je n’y crois pas.
Au nom des violences faites aux femmes,
au nom des
enfants maltraités,
au nom des couples où l'un(e) est sous la coupe de l'autre,
au nom des familles où la parole est impossible – car nous bénissons
tout cela et bien plus sans pouvoir le savoir : la beauté et la bonté de Dieu ne nous
appartiennent pas !
Oui, une fois de plus : mêmes mariés, et même bénis,
nous restons tous "de pauvres pécheurs, enclins au mal et incapables par
nous-mêmes de faire le bien" disait... un affreux libéral ?
Alors je ne pense pas bénir légèrement - ce jugement sentimental est facile
mais il n'est fondé sur rien - j'ose croire que
la bénédiction nous invite à relever le combat de l’amour et que dans ce combat
Dieu est avec nous – que nous soyons hétérosexuels ou homosexuels. Plutôt qu'une connaissance fantasmée du "bien de Dieu", c’est là pour
moi la bonne nouvelle de l’évangile et la seule source de la bénédiction :
pécheurs nous sommes aimés de Dieu et nous sommes invités à dire du bien - du simple bien - en son nom.
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