mercredi 13 juillet 2016

Prédication du dimanche 10 juillet - Evangile selon Marc, chap. 1, v. 21 à 39

Ils pénètrent dans Capharnaüm. Et dès le jour du sabbat, entré dans la synagogue, Jésus enseignait. Ils étaient frappés de son enseignement, car il les enseignait en homme qui a autorité et non pas comme les scribes. Justement il y avait dans leur synagogue un homme possédé d’un esprit impur ; il s’écria : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es : le Saint de Dieu. » Jésus lui commanda sévèrement : « Tais-toi et sors de cet homme. » L’esprit impur le secoua avec violence et il sortit de lui en poussant un grand cri. Ils furent tous tellement saisis qu’ils se demandaient les uns aux autres : « Qu’est-ce que cela ? Voilà un enseignement nouveau, plein d’autorité ! Il commande même aux esprits impurs et ils lui obéissent ! » Et sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de Galilée.
Juste en sortant de la synagogue, ils allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André. Or la belle-mère de Simon était couchée, elle avait de la fièvre ; aussitôt on parle d’elle à Jésus. Il s’approcha et la fit lever en lui prenant la main : la fièvre la quitta et elle se mit à les servir.
Le soir venu, après le coucher du soleil, on se mit à lui amener tous les malades et les démoniaques. La ville entière était rassemblée à la porte. Il guérit de nombreux malades souffrant de maux de toutes sortes et il chassa de nombreux démons ; et il ne laissait pas parler les démons, parce que ceux-ci le connaissaient.
Au matin, à la nuit noire, Jésus se leva, sortit et s’en alla dans un lieu désert ; là, il priait. Simon se mit à sa recherche, ainsi que ses compagnons, et ils le trouvèrent. Ils lui disent : « Tout le monde te cherche. » Et il leur dit : « Allons ailleurs, dans les bourgs voisins, pour que j’y proclame aussi l’Évangile : car c’est pour cela que je suis sorti. » Et il alla par toute la Galilée ; il prêchait dans leurs synagogues et chassait les démons.

Marc nous invite à suivre Jésus le temps d'un sabbat, à Capharnaüm. Le temps d'un sabbat, l'évangéliste nous rapporte trois récits de guérison. Le matin un esprit impur qui est chassé, exorcisé d'un anonyme de la synagogue de Capharnaum. Ensuite, le midi sans doute, à la sortie de la synagogue : une fièvre de la belle-mère de Simon qui est apaisée, et le soir venu la guérison de foules anonymes : malades et démoniaques. Au terme de ces trois récits, la journée s'est écoulée, et le lendemain Jésus poursuit sa route pour aller par toute la Galilée.

Un sabbat avec trois miracles. Notons le tout de suite, ces trois courts récits de miracle sont très différents les uns des autres :

Le premier a pour cadre une synagogue, nous sommes dans un lieu religieux. Le malade – un homme - est décrit comme possédé par « un esprit impur » - Jésus impose le silence à cet esprit et le chasse – l'homme est guérit.

Le deuxième récit de miracle a lieu dans une maison, nous sommes dans un cadre privé, à domicile. La belle-mère de Pierre – une femme - a de la fièvre. Ici il n'y a ni esprit mauvais ni démon – une simple fièvre. Jésus la remet debout, elle est guérit.

La troisième histoire de guérison c'est sur la place publique qu'elle a lieu. Après le lieu religieux, la maison, on est dehors. Il n'y a plus un homme ou une femme malade mais une foule de malade ; de nombreux malades – et là il est question de démons.

Nous avons donc là au commencement de l'évangile, trois récits de guérisons variés, tellement variés que ça ne peut pas être innocent. Trois cadres différents : le religieux, le privé, le public, trois sortes de malades : un homme, une femme, une foule. Différents maux : des esprits impurs, une simple fièvre, des démons. C'est comme si Marc nous donnait un échantillon des guérisons opérées par Jésus, un échantillon de la diversité des guérisons. Or bien que très diverses, ces guérisons ont quand même un fil conducteur. Un double fil conducteur même.

1er aspect : Au v. 21 il est écrit que Jésus enseignait, au v. 27 les fidèles de la synagogue devant le miracle disent : « voilà un enseignement nouveau, plein d'autorité ». et au v. 38 Jésus dit lui-même « allons ailleurs dans les bourgs voisins pour que j'y proclame aussi l'évangile, c'est pour ça que je suis sorti » enfin au v. 39 c'est l'évangéliste Marc qui fait le lien très nettement : « Jésus alla par toute la Galilée ; il prêchait dans les synagogues et chassait les démons »

Nous avons trois récits de guérisons, d'exorcisme, de miracle, et ces trois récits sont liés à l'enseignement de Jésus. De manière forte, l'évangéliste fait le lien entre la guérison et l'enseignement. Ce n'est pas pour rien que ces trois miracles ont lieu pendant le sabbat – le jour où la communauté s'assemble pour entendre la parole de Dieu à travers la Torah et les prophètes.

Ainsi, le premier aspect du lien de ces trois récits de guérisons c'est l'enseignement, c'est la prédication de l'évangile. Le miracle n'a de sens que parce qu'il permet une parole. Le miracle est le prétexte d'une Parole qui en elle-même a plus d'importance que le geste miraculeux.

Le deuxième aspect plus symbolique encore et très diffus dans le texte il est dans la relation de Jésus avec le mal.

D'abord, au v. 24 il nous est dit que le démon reconnaît Jésus – il le reconnaît comme le saint de Dieu – c'est un titre très fort que jamais un juif n'aurait pu utiliser. Dans le judaïsme – Dieu seul est saint. Ensuite au v. 34 il est encore écrit que Jésus « ne laissait pas parler les démons, parce que ceux-ci le connaissaient ». Notons ce trait qui n'est pas anodin : Ce n'est pas Jésus qui connaît les démons, mais, pour l'évangéliste, ce sont bien les démons qui le connaissent. Jésus est connu des forces du mal auxquelles il s'oppose par la parole.

Le mal ce n'est pas une idée, ce n'est pas un concept qui dans une opposition philosophique s'opposerait au bien. Le mal pour l'évangéliste Marc c'est d'abord la souffrance. Cette souffrance peut être liée aux démons, au démoniaque, c'est la pensée d'une époque, mais pas nécessairement ; ainsi, la fièvre de la belle-mère de Simon n'a pas d'origine. Et de même quand l'évangéliste fait le sommaire de l'activité de guérison de Jésus il dit bien : « il guérit de nombreux maux de toutes sortes, et il chassa de nombreux démons ».

Les maux, les souffrances n'ont pas pour seule origine les démons – les maux sont de toutes sortes. Le mal c'est d'abord la souffrance quelqu'en soit la cause, cause réelle ou imaginée. Les miracles de Jésus viennent en opposition à cette souffrance – nous avons là un combat – ce n'est pas le bien qui s'oppose au mal, mais c'est la Parole qui s'oppose au mal. La Parole : l'enseignement de Jésus, la prédication.

Trois récits de miracles au commencement de l'évangile selon Marc, le temps d'un sabbat à Capharnaüm. Trois récits qui sont liés par le même fil conducteur. 1er trait de ce fil conducteur : Ces miracles sont des prétexte à une parole, à un enseignement. La Parole est toujours plus importante que le geste miraculeux. Car 2ème trait de ce fil conducteur, c'est bien la Parole que Jésus oppose au mal, c'est la Parole qu'il annonce face à la souffrance, une Parole agissante, qui relève, redonne vie. Le miracle n'est donc que l'expression de la victoire de la parole sur le mal.

A travers ces texte, l'évangéliste Marc nous livre quelques éléments pour nous aider à tracer le portrait de Jésus. Il est celui qui enseigne dans la synagogue, il est le Saint de Dieu, il est celui qui a autorité sur les esprits impurs, sa renommée grandit dans toute la Galilée ; humble il est capable d'entrer dans la maison d'une femme pour la relever, il est en mouvement – il ne sera resté qu'une journée à Capharnaüm pour ensuite aller dans les bourgs voisins.

Mais fondamentalement, cet homme c'est le porteur de la Parole qui aura la victoire sur le mal. Un homme à la suite duquel les disciples, les malades guéris, les souffrants relevés sont invité à marcher. Marcher à la suite du Christ, entrer dans la lutte de la Parole contre le mal. Car oui, si à travers ces trois récits de miracle le portrait de Jésus se dessine, c'est aussi pour nous une invitation à la mission : enseigner avec autorité, guérir généreusement, rester dans le mouvement pour porter la bonne nouvelle dans les lieux religieux, dans les maisons, sur les places publiques.

Au commencement de cet évangile, Marc nous fait le récit d'une journée, d'un sabbat miraculeux – ce n'est pas pour nous raconter des événements du passé, ce n'est pas pour nous raconter une belle histoire, pour nous donner quelques infos ou quelque news. Une fois encore l'évangile n'est pas le récit journalistique des faits et gestes de Jésus.

Mais à travers ces textes, l'évangéliste Marc trace le portrait du Christ de Dieu, de l'homme témoin de la Parole qui veut nous entraîner à sa suite, et faire de chacun de nous des témoins de la Parole. Nous pouvons tous entrer dans la mission de Dieu : la lutte de la Parole contre le mal. Quand bien même cette lutte peut sembler fragile, perdue d'avance, ou surréaliste, c'est à ce témoignage et à cette mission que nous sommes appelés.

Exemple de cette lutte de la parole contre le mal. Notre église participe ces jours ci à une opération baptisée : « Exilés, l'accueil d'abord ! » . Certains auront peut-être vu la citation de l'évangile selon Matthieu au chap. 25 v. 35 qui a été affichée dans la vitrine par décision du conseil presbytéral. C'est une opération nationale, conjointe de la fédération protestante de France, de l'église protestante unie, de la fédération de l'entraide protestante, et de l'association coexister.

Face l'afflux de migrants, face aux morts sans nombre en méditerranée, l'église n'a pas de solution toute faite – mais l'église a à dire une parole, une parole de vie, une parole qui relève, une parole qui rappelle que nos vies ne valent pas plus pas moins que celles de ces enfants, femmes, et hommes qui meurent en mer ou qui sont entassés dans des camps de misère. Oui là aussi très concrètement il faut lutter contre le mal par une parole de bénédiction, quelques soient les discours ambiants de peur et de rejets de l'autre, quelques soient les refus de voir et de comprendre.

Oui, l'évangéliste Marc trace le portrait du Christ de Dieu, de l'homme témoin de la Parole qui veut nous entraîner à sa suite, et faire de chacun de nous des témoins de la Parole. Oser la Parole. Nous pouvons tous entrer dans la mission de Dieu : la lutte de la Parole contre le mal. Oser la Parole, oser dire et vivre la bénédiction sur nos prochains comme sur toute l'humanité.

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